C’est avec un grand plaisir que le coach Paul Put a accepté de nous accorder cette interview hier dans le hall de l’hôtel Radisson Blu du Caire, lieu d’hébergement du Syli national avant le match de ce dimanche contre l’EN. Put est revenu sur la préparation de ce match et les chances de son équipe. Il reconnaît que ça ne sera plus comme avant en l’absence de Keita, qui a déclaré forfait pour blessure. Il revient aussi sur son expérience algérienne ; il ne cache pas sa tristesse en apprenant que les Haddad ont décidé de vendre leurs actions et de lâcher l’USMA. Suivons-le.
Dimanche, un grand match de 8es de finale vous opposera à l’Algérie, comment se déroule votre préparation ?
Pour nous, on sait que ça va être un match difficile contre l’équipe la plus en forme, une très belle équipe. Nous sommes déjà contents d’être ici ; en 1/8 de finale, on va essayer de faire le meilleur match possible contre cette équipe d’Algérie.
L’Algérie, c’est une vieille histoire pour vous ; d’abord avec un face-à- face houleux qui a permis aux Verts d’aller au Brésil ; considérez-vous ce match un peu spécial, une sorte de revanche ?
Vous savez, j’ai toujours été apprécié par le public algérien d’abord grâce à ce travail au Burkina, mais aussi avec mon expérience en Algérie ; il manifeste beaucoup de respect pour moi, j’ai un très beau souvenir d’Algérie, et c’est toujours important pour moi d’affronter cette équipe ou une équipe de ce pays. Donc voilà, il n’y a pas plus que ça, et que le meilleur gagne !
A cette même période, vous avez brillé avec les Etalons, vous avez même pu jouer une finale de coupe d’Afrique ; vous dites-vous que vous êtes un coach chanceux avec une certaine avance par rapport à la plupart des coachs de cette CAN ?
Non, pas spécialement, car il faut aussi toujours avoir la chance avec son effectif en prenant en considération plusieurs points, dont les blessures et les défections. Actuellement, on a des joueurs-clés qui nous manquent, on a des difficultés à progresser dans la préparation, et une fois t’aura joué une phase finale, tu seras motivé d’aller le plus loin possible. Il faut être réaliste, ça sera compliqué contre une Algérie très forte actuellement, avec des joueurs de haut niveau et un foot très agréable.
Et surtout 2 équipes aussi valables l’une que l’autre…
Exactement, l’équipe qui a joué la Tanzanie a su maintenir la cadence malgré le nombre important de changements, c’est impressionnant, et cela rend le match encore plus compliqué pour nous.
Ces changements ont été l’œuvre du coach Belmadi ; en tant que connaisseur du foot africain, comment vous le trouvez pour sa première expérience à la tête d’une équipe africaine ?
Je pense que les Algériens peuvent être fiers de son travail, il a vraiment changé l’équipe. Si tu vois l’équipe d’Algérie maintenant, elle est vraiment devenue l’un des leaders des équipes africaines.
Vous pensez donc vraiment que l’Algérie a pu récupérer son statut malgré une triste 68e position au classement mondial…
Actuellement, d’après ce que j’ai vu, pour moi, ce sont les meilleurs ; d’après ce qu’ils ont montré sur tous les paramètres dans le football, oui ce sont les meilleurs.
Coach, vous avez accordé aujourd’hui (ndlr, hier) une journée de repos à vos joueurs, il n’y aura donc pas d’entraînement ; peut-on comprendre par là que vos joueurs sont fatigués et commencent à accuser le coup physiquement ?
Vous savez, on a eu beaucoup de blessures, des petites blessures. C’est toujours compliqué d’avoir une équipe au complet capable de réagir aux entraînements et tout. Il faut une gestion parfaite et faire tout le temps attention. Hier, on a fait un entraînement intensif dans le but d’accorder le repos aujourd’hui, mais le repos, c’est aussi les soins, des séances vidéo… Donc, ce n’est pas un jour de vacances.
Espérez-vous toujours le retour de Naby Keita ou alors vous avez abandonné et vous allez vous préparer sans lui ?
C’est officiel, Naby ne sera pas parmi nous.
Vous avez apparemment d’autres soucis avec d’autres éléments ?
On a eu quelques blessures ; un gardien de but, on a aussi Fodé Camara qui a des petits soucis physiques. Avant cela, il y a eu un élément qui était bloqué en France, et qui ne pouvait pas jouer. Tout cela doit pousser les autres qui doivent montrer leur valeur.
Vous avez terminé meilleur 3e de tous les groupes confondus, vous avez pu vous qualifier bien sûr ; vous êtes-vous dit qu’il faut éviter coûte que coûte l’équipe d’Algérie, ou, au contraire, vous avez souhaité jouer un gros morceau pour motiver votre groupe et le pousser à bout ?
Vous savez, pour une équipe comme nous, on essaye toujours d’éviter de gros calibres ; on s’attendait à jouer le Maroc, on était surpris de tomber sur l’Algérie. Je ne suis pas en train de dire que le Maroc ça allait être facile, car l’équipe marocaine est une très belle équipe aussi, mais… (on le coupe).
On peut comprendre par là que pour Paul Put, l’Algérie, c’est un cran au-dessus ?
Non, c’est juste que les calculs qu’on a faits sont basés sur le fait qu’on allait jouer le Maroc, après on a eu une équipe différente. Après, il y a toujours une équipe qui est très forte au bon moment et actuellement, c’est l’Algérie. Donc, on va jouer une équipe très forte aussi.
En parlant du Maroc et d’Algérie, avant cette CAN, même si vous n’aviez pas un adversaire de la région nord-africaine dans votre groupe, vous avez joué l’Egypte en amical (défaite 3-1) ; était-ce un choix basé sur des calculs et pensez-vous que cela va vous rendre service avant d’affronter l’Algérie ?
J’ai fait exprès un petit peu pour faire pression sur les joueurs ; on a terminé avec un match amical contre l’Egypte qui est aussi une bonne équipe, avec un Salah qui est un élément qui peut faire la différence. C’était aussi un petit peu pour mettre les joueurs devant leurs responsabilités, les mettre face à la réalité ; si tu joues l’Egypte, c’est aussi le niveau de l’Algérie, le niveau du Maroc. C’était important pour nous, après c’est aux joueurs aussi de montrer qu’ils sont des hommes.
Vous avez eu la chance de voir l’Algérie jouer ; quels sont les points forts que vous avez retenus ?
Il y en a beaucoup, il y a des talents individuels qui peuvent faire la différence à n’importe quel moment, il y a le collectif, l’esprit d’équipe, qui joue avec une certaine agressivité, ils sont présents et jouent vers l’avant ; c’est vraiment un football complet.
Avez-vous préparé un plan spécial anti-Algérie pour essayer de créer la surprise ?
(Rire) Je ne suis pas un magicien, mais on va faire de notre mieux ; on doit être réalistes. Il faut aussi que les joueurs comprennent les points forts de l’Algérie, à nous de trouver les clés du match.
Sans Naby que vous déclarez forfait, y aura-t-il une chose qui va changer ou qui va manquer ?
On n’a pas beaucoup de possibilités, c’est comme un Salah qui manque à l’Egypte ou un Mahrez qui ne joue pas avec l’Algérie. Certes, comme on l’a dit tout à l’heure, vous avez aussi de très bons joueurs sur le banc, mais quand ce sont des joueurs de son niveau qui jouent dans les plus hauts championnats en Europe, et qui ont fait leurs preuves, c’est vraiment difficile de les remplacer.
Vous pensez vraiment que Mahrez est l’homme incontournable de cette équipe ?
Pas vraiment, je n’ai pas dit ça, car je pense que le collectif, c’est le point fort de cette équipe d’Algérie, mais c’est un joueur qui peut faire la différence à n’importe quel moment, un très bon attaquant de pointe d’un niveau élevé.
Paul Put a eu une expérience algérienne, il était même pressenti pour prendre en main la sélection, vous verra-t-on un jour à nouveau en Algérie ?
On ne sait jamais, peut-être ! J’ai quand même de bons souvenirs de votre pays ; une demi-finale de C1 avec l’USMA, on est aussi arrivés en 2e position en championnat ex aequo. J’ai aimé les supporters qui sont tellement chauds, qui sont derrière l’équipe ; non vraiment, j’ai bien aimé l’Algérie.
En parlant de l’USMA justement, ils ont été champions cette saison, mais le club n’est pas stable et le président a mis ses actions en vente, le savez-vous ?
Non. Ah bon carrément, ils ont décidé de vendre ? C’est triste quand même. Je sais tout ce qui se passe avec le président, mais c’est triste quand même que le club endure cela ; je leur souhaite beaucoup de courage.
- M. A.