L’entraîneur national a animé hier l’une de ses dernières conférences d’avant-match en cette Coupe d’Afrique des nations. L’EN joue aujourd’hui son 4e match du tournoi, le premier lors d’une phase à élimination directe ; elle intervient moins de 24 heures après le coup dur encaissé par les Marocains qui se sont fait éliminer par une surprenante équipe du Bénin. Il fallait donc s’attendre à des questions en relation directe avec cette surprise.
D’emblée, Belmadi a évoqué le changement du mode de matches après la fin de la phase de poules et le passage à la phase à élimination directe. Pour lui, l’approche va bien sûr changer ; désormais ça sera des petites finales : «C’est vrai que la phase de poules, qui était une sorte de mini-championnat, a été finie et bien finie, certes avec succès puisqu’on a fait le plein. Maintenant, on passe dans un tout autre genre de compétition, de système. Ce n’est plus le même, ce sont des petites finales ; j’ai inculqué ça à mes joueurs : tu gagnes, tu continues, tu perds, tu rentres à la maison. L’approche et la préparation, surtout sur l’aspect psychologique, sont différentes. On est tous conscients, on fait en sorte d’être prêts pour cette épreuve.»
«L’élimination du Maroc a été violente»
Belmadi a ensuite donné son avis sur l’élimination, la veille, du Maroc d’Hervé Renard contre l’équipe béninoise. Il qualifie le coup de violent : «Les Marocains se sont fait plus que bousculer puisqu’ils se sont fait sortir carrément en 1/8 ; c’est brutal. Ils rentrent au Maroc ; c’est assez violent, surtout après avoir fait un 9/9 en phase de poules, puis quitter de cette manière-là. Il faut être plus avertis, mais je ne pense pas qu’on a besoin d’exemple pour rester sur nos gardes, pour être plus vigilants. La préparation psychologique et mentale a été faite avant ; les joueurs ont envie de continuer dans cette compétition, envie d’aller le plus loin possible.»
«Les distinctions et les éloges ne me font pas vivre»
Le sélectionneur algérien a choisi Belmadi comme meilleur coach du premier tour, un titre honorifique que l’ancien attaquant de l’OM accepte avec plaisir, mais il ne se laisse pas piéger pour autant : «Il y a eu beaucoup de choses dites sur notre parcours jusque-là, et beaucoup d’éloges ont été faits. D’une manière ou d’une autre, on l’a mérité pour les points et le parcours sans faute qu’on a, à ce jour réussis. Pour moi, cette distinction peut rendre fier pendant quelque temps, mais pas plus que ça. En tant que coach, ces distinctions sont égales pour moi à meilleur staff= meilleurs joueurs ; sans fausse modestie, ce sont des choses qui ne m’interpellent pas trop, mais ce n’est pas ce qui me fait vivre.»
«Je veux que les joueurs gardent les pieds sur terre»
Gagner trois fois peut tromper une équipe, l’amener à se voir trop belle, et donc tomber dans le piège de la facilité. Belmadi ne veut pas de ça, il veut encore plus. Pour lui, l’équipe n’est pas venue pour terminer première de sa poule seulement : «Ce qui m’intéresse, c’est que les joueurs gardent les pieds sur terre ; on n’est pas venus pour terminer 1er du groupe ou en 1/8 ; on est venus pour être un autre objectif qui a été dit il y a très longtemps. Les joueurs en sont conscients et moi je n’ai aucun souci sur comment on va aborder cette rencontre.»
«Les stats sont en faveur de la Guinée»
La partie de ce soir opposera deux teams aux objectifs différents dans cette compétition, mais le temps de 90 minutes, le but sera le même. Les Guinéens partent même favoris grâce aux stats et à l’historique favorable. Cela est suffisant, d’après le coach, pour alerter ses joueurs avant cette ‘’petite finale’’ : «Si vous parlez de la Guinée, c est une petite finale, si l’on parle de stats, vous les aimez bien généralement, ils ont de meilleures stats sur nous en confrontations ; c’est déjà une mise en garde.»
«Mon père m’a inculqué mes valeurs, et des fois elles apparaissent dans mon métier»
Une question très spéciale a été posée à Belmadi hier en conférence, elle concerne le rôle de son papa dans la réussite dans tout ce qu’il entreprend. Le coach s’est dit surpris par la question, mais a tenu à rendre hommage a son papa : «Je suis un peu surpris par cette question, mon père n’est pas en soi un exemple, avec des conseils qu’il m’aurait donné pour gérer ma carrière ; il est un exemple de manière générale. Je pense que chaque fils ou chaque enfant a pour modèle ses parents ; mon père en est un, il n’a rien d’anormal. Je pense que si l’on pose la même question à Youcef, ça sera la même chose. Donc, c’est un exemple tout simplement pour la vie et les valeurs que l’on veut avoir, et qui peuvent, c’est vrai, apparaître des fois dans notre métier», a-t-il dit.
«Notre parcours me rappelle le parcours avec le Qatar en 2014 ; j’espère qu’il y aura la même finalité»
L’aventure africaine de Belmadi se passe bien, et le coach affirme qu’elle lui fait rappeler celle qu’il a vécue en coupe du Golfe avec le Qatar. Cette année-là, il avait réussi le pari de décrocher le trophée. Appelé à dire s’il y a une quelconque différence entre la CAN et le tournoi qu’il a remporté, notamment en ce qui concerne l’environnement, le coach répond : «C’est vrai que le tournoi majeur gagné avec le Qatar ressemble à ce que on est en train de vivre ici. On n avait jamais gagné la coupe du Golfe de toute son histoire hors de ses terres ; elle n’avait jamais battu l’Arabie saoudite sur les 30 dernières années. On avait démarré en phase de poules contre l’Arabie saoudite, et on l’a retrouvée en finale à Riyad. Gagner cette compétition pour le Qatar a été une chose d’exceptionnel au sens propre du terme. C’est vrai qu’ici, j’ai un peu les mêmes sentiments ; j’espère que ça aura la même finalité, ça ressemble beaucoup. Plein de situations me rappellent un petit peu ce beau parcours qu’on a pu avoir avec le Qatar en 2014.»
«On est loin d’être satisfaits»
«C’est vrai qu’on n’était pas à la base attendus, ne serait-ce que par notre sortie au premier tour de la dernière CAN. Notre parcours difficile sur les 4-5 dernières années, avant d’arriver à cette compétition avec beaucoup de sceptiques ; je ne pense pas qu’il y a beaucoup d’Algériens qui pensaient qu’il était possible de faire 9 points sur 9 en phase de poules déjà parce qu’on ne l’a jamais fait et par notre parcours ces derniers années. Il y a beaucoup de motifs de satisfaction qui ne nous laissent pas nous décourager. Je suis plus que jamais à l’affût ; on va tout faire. Tous les jours, on bosse pour se rapprocher de cet objectif-là ; on est loin d’être satisfaits.»
«Si la Guinée veut nous battre, il faudra qu’elle soit très forte»
Le Maroc est revenu à maintes reprises dans les questions. Il faut dire que la déconvenue de la veille a jeté son ombre sur cette partie attendue contre l’EN. Belmadi a donc parlé de la Guinée. Comme pour les 3 premières rencontres, il semble bien connaître cet adversaire ; il a failli annoncer le onze de Put au confrère guinéen qui a posé la question : «Vous voulez que je vous donne votre équipe ? (rire) On n’a pas besoin de voir le Maroc se faire éliminer pour être avertis. Depuis le début qu’on est sur la préparation, dès qu’on a eu l’info qu’on va jouer contre la Guinée, on s’est mis de suite sur le boulot. On a préparé le match le plus sérieusement possible ; si l’on doit perdre, c’est parce que la Guinée est plus forte, pas parce qu’on est pas préparés, pas parce qu’on prend les choses par le mauvais bout, on a préparé le match de la Guinée, parce qu’on est déjà prêts, comme on a préparé les matches du Kenya, du Sénégal et de la Tanzanie. De la même manière après, si la Guinée doit nous battre, il faudra qu’elle soit forte elle aussi.»
«Brahimi et Oukidja vont mieux»
Pour terminer, Belmadi a donné des nouvelles rassurantes du duo blessé, à savoir Brahimi et Oukidja. Le premier s’est remis d’une blessure compliquée à la cheville, qui l’a éloigné pendant plus d’une semaine des entraînements, le second soigne un mal de dos. «Brahimi et Oukidja vont mieux», s’est-t-il contenté de dire.
- M. A.