Après avoir fait parler la poudre avec son club qatari Al-Sadd, l’Oranais a montré sa force de caractère en finale de la coupe de la CAN remportée par l’Algérie. Pourquoi évoquer sa force de caractère, c’est parce que tout simplement, on aura vu Baghdad dans toutes ses émotions durant le tournoi.
Il y a eu d’abord ces prestations au premier tour où il s’est illustré par son inlassable travail pour le collectif, plus particulièrement dans le match de la seconde journée, gagné aux dépens du Sénégal, lors duquel Bounedjah a eu un rôle important, en bloquant l’excellent défenseur de Naples Koulibaly dans sa zone défensive (il l’empêchait de sortir le ballon et jouait souvent sur son dos), cerise sur le gâteau, l’enfant de la cité Mimosas, quartier situé à quelques mètres du vieux stade Habib Bouakeul, a été le héros de cette CAN, en inscrivant ce vendredi le but de la victoire algérienne. Un exploit que le joueur n’oubliera pas de sitôt, car à son but, il est entré dans le cercle fermé des buteurs décisifs des matches historiques de l’équipe nationale, à l’image de celui de Belloumi contre la RFA en 82, Oudjani en finale de la CAN 90 contre le Nigeria ou tout récemment, Antar Yahia dans les filets de Issam Hadary à Omdourman. Désormais il faudrait ajouter le nom de Baghdad Bounedjah dans cette liste des buteurs historiques de l’EN.
Oudjani Chérif : ‘’Ce but va changer sa vie’’
Pour tous les Algériens, à l’évocation du souvenir du premier titre continental de l’EN, le nom de l’attaquant formé au RC Lens revient dans tous les esprits, car Oudjani aura connu pratiquement identique à celui de son successeur à la pointe de l’attaque des Verts, en 1990, Oudjani avait lui aussi essuyé des critiques. ‘’Heureusement, reconnaît-il, feu Kemali n’a pas cédé à la pression de certains qui me reprochaient entre autres, d’avoir raté une belle occasion contre le Sénégal en demi-finale de la CAN90, je me rappelle que Kemali était resté indifférent à ses critiques, pour lui le fait d’avoir délivré des passes décisives pendant le tournoi, était largement suffisant pour que je garde sa confiance. Je pense que Belmadi a agi de la même façon, en protégeant Bounedjah, après le ratage de son penalty contre la Côte d’Ivoire.’’ Pour Chérif Oudjani, ce but va rester dans les annales du football algérien. ’’Je dirai même, qu’après ce but en finale, sa vie va changer, vendredi soir, malgré que cela fait 29 ans, que j’avais marqué conte le Nigeria en finale de la CAN, beaucoup de gens m’ont rappelé ce but, dans les livres d’histoire, même si tout le mérite reviendrait à l’ensemble de l’équipe, on gardera toujours en mémoire ce but de Bounedjah, comme ce fut le cas pour Zidane en finale de la Coupe du monde 98. Dans cette finale, pour tout vous dire, j’ai senti chez Bounedjah une grande motivation pour se rattraper après son penalty raté en 1/4 de finale, il était même sur-motivé, il est récompensé à la fin’’, trouve l’actuel membre de la cellule de recrutement au FC Nantes.
Il a mis du temps pour se frayer une place au soleil
Longtemps considéré comme un grand espoir du football algérien, surtout après qu’on l’a découvert lors de ses premières sorties avec l’USMH de Boualem Charef, rapidement repéré par Azzeddine Aït-Djoudi, sélectionneur alors des Olympiques, à cette époque, on prévoyait une promotion pour l’actuel professionnel au Qatar, chez les A, d’autant qu’il empilait les buts avec l’Etoile de Sousse, notamment en compétitions africaines, ce n’est que le 15 novembre que Bounedjah va honorer sa première sélection chez les Verts, après qu’une convocation qui lui fut envoyée par Christian Gourcuff, dans une rencontre disputée à Mustapha Tchaker face à l’Ethiopie dans le cadre des éliminatoires de la CAN 2015, dans ce match, Bounedjah n’ a pris part qu’à son dernier quart d’heure, sans marquer toutefois de but, écarté du groupe, il fera son retour une année plus tard, lors du déplacement de l’EN au Lesotho où il est resté sur le banc pendant toute la partie. Maintenu dans le groupe, il inscrira son 1er but avec la sélection nationale, quelques jours avant le départ pour le Gabon pour la CAN 2017, ce but marqué dans les filets de la Mauritanie à Blida, ne lui garantira pas une place de titulaire, il fera banquette dans les trois matches disputés au Gabon, une participation de triste mémoire pour les Fennecs, depuis d’autres entraîneurs se sont relayés sur le banc de l’EN, tout en étant toujours dans le groupe, Bounedjah ne prenait part qu’à quelques bouts de match, il claquera son premier doublé devant la Tanzanie à Blida, ce n’est finalement qu’en Gambie, qu’il inscrivit son premier but en match officiel le 8 septembre 2018, suivi de deux autres face au Bénin à Blida et puis à Lomé où l’EN avait atomisé le Togo (1/4), évidemment les deux réalisations à la CAN, respectivement contre le Kenya et le Sénégal en finale.
La méforme de Slimani et la venue de Belmadi
Si Baghdad Bounedjah a pu enfin s’installer définitivement à la pointe de l’attaque de l’EN, il le doit à deux facteurs sans doute, d’abord la méforme d’Islam Slimani qui n’a pas joué depuis longtemps avec son club turc Fenarbahçe, Slimani indéboulonnable pendant des années dans ce poste en sélection, l’ancien sociétaire du CRB payera les frais de son faible temps de jeu en Turquie, au grand bonheur de Bounedjah qui est bien servi par le sort, puisque son autre rival à savoir Ishak Belfodil, auteur d’une saison stratosphérique en Bundesliga, s’est blessé quelque temps avant le départ pour l’Egypte, l’autre détail favorable pour Bounedjah est la nomination de Djamel Belmadi au poste de sélectionneur national, comme on le sait, ce dernier réside au Qatar, donc il a suivi de près, les performances de son attaquant, comme il détient le record de buts inscrits dans une année civile avec son club Al Sadd, rapidement sans se poser de questions, Belmadi en a fait de lui son titulaire, conforté par son choix eu égard aux prestations de Bounedjah durant toute la CAN, Belmadi pour le mettre à l’aise et tirer le maximum de son talent, a décidé d’ailleurs de l’associer avec son vieux complice en EN Olympique Youssef Belaïli, un duo qui fera de lui pendant cette CAN, en étant pratiquement à l’origine de tous les bons coups qui ont permis à l’EN d’aller jusqu’au bout de cette compétition continentale.
- S.
Il est le premier président à avoir cru en lui
Laïb : ‘’ Charef ne voulait pas qu’il parte en Tunisie’’
Le premier responsable de l’USMH qui était invité hier par le gouvernement pour la réception en l’honneur de l’EN au palais du peuple nous a accordé un peu de son temps pour nous raconter comment il a fait venir Bounedjah dans son club, au printemps 2011.
Président, racontez-nous, comment aviez-vous pensé à faire signer Bounedjah, un joueur qui végétait dans les divisions inférieures à l’Ouest ?
Mon beau-fils, qui était le président du RCGO, était un soir en train de manger dans un restaurant en compagnie du neveu à mon épouse ; quand quelqu’un leur a proposé Bounedjah, ils m’ont appelé pour me suggérer de le prendre, en insistant même qu’il s’agit d’un joueur prometteur. ‘’Le MCO songerait à le recruter’’, m’ont-ils informé. Le lendemain, soit la veille de la finale perdue contre la JSK (en mai 2011), j’ai pris un vol à destination d’Oran, rapidement j’ai rencontré le joueur qui était en compagnie de son père, après l’avoir convaincu de signer à l’USMH, il fallait avoir ses papiers du RCGO, une démarche facilitée par le président du club qui a privilégié la carrière sportive du joueur, en acceptant de le libérer au profit de l’USMH, voilà comment Bounedjadh a atterri chez nous.
Votre club, lui a servi de tremplin !
Boualem Charef qui était submergé par le niveau de Baghdad, s’était opposé farouchement à son transfert en Tunisie, contre la somme de 300.000 euros. ‘’Il reste un an de plus, on va le transférer pour au moins un million d’euros’’, insistait Charef. Or, le joueur auquel le club de l’Etoile du Sahel avait proposé un salaire de 30.000 euros par mois, ne voulait rien entendre, je le comprends car c’était énorme comme salaire pour lui qui percevait un salaire dérisoire chez nous, afin de convaincre Boualem Charef, il s’est déplacé en compagnie de son père à Aïn Témouchent où l’équipe était en stage bloqué, en exerçant une grosse pression sur lui, ils ont fini par infléchir sa position, ainsi Bounedjah a rejoint le club tunisien, la suite on l’a connaît.
Est-il vrai, qu’il a fait un gros don d’argent à l’USMH, une fois qu’il a rejoint les Qataris d’Al-Sadd ?
C’est faux. On aimerait bien qu’il le fasse maintenant (rires !) alors que les caisses du club sont vides.
Sinon, est-il reconnaissant envers vous ?
Pour être sincère, je ne l’ai croisé qu’une seule fois, dans une cérémonie, il est venu me saluer mais depuis je n’ai eu aucun contact avec lui, de toute façon, c’est à lui de m’appeler…
- S.