Une semaine après avoir mené l’Algérie au sacre continental en Égypte, Riyad Mahrez était chez lui à Sarcelles. Pour lui témoigner la fierté collective, la médaille de la ville lui a été remise par le maire Patrick Haddad, pour son parcours en club à Manchester City et en sélection nationale avec les Verts.
Entouré de sa mère Halima et de quelques proches, les responsables de la ville l’ont également honoré pour son comportement exemplaire. D’ailleurs, c’est la raison pour laquelle il a tenu à être présent à la cérémonie organisée par les responsables de la ville de Sarcelles. «Tout simplement parce que c'est ici que j'ai grandi, c'est ici que j'ai passé toute mon enfance, mon adolescence et une grande partie de ma vie. C'est quand même important d'être honoré par sa ville. Ça me fait extrêmement plaisir. Moi, je suis tout le temps là... (Sourire) Je connais tout le monde, tout le monde me connaît. J'essaye de rester le plus simple possible, c'est vraiment une question de mentalité. Je viens passer du temps avec ma mère, mes frères et sœurs et mes potes», a déclaré d’emblée le capitaine de la sélection nationale dans une interview accordée au journal l’Équipe.
A la question de savoir s’il avait conscience de l'engouement derrière l'Algérie pendant la CAN, Mahrez affirme que cela n’était pas étranger pour ses camarades et lui. «Même quand on joue un match amical, il y a un engouement de malade (rires.) On savait qu'au fur et à mesure qu'on passerait les tours, ça allait vraiment prendre de l'ampleur et devenir incroyable. C'est ce qu'il s'est passé», a-t-il dit.
«C'est merveilleux de vivre ces instants magiques»
Mais ce qui a le plus marqué l’un des principaux artisans de la victoire de l’Algérie en Coupe d’Afrique après plusieurs années de traversée du désert, c’est incontestablement l’énorme marque de sympathie que lui ont affichée les Algériens après le but inscrit face au Nigeria. «(Rires) J'ai reçu énormément de vidéos de célébration après ça. Il y en a une en Algérie : une rue déserte, silencieuse. Et dès que je marque, tout le monde sort de partout, ça explose, la rue se remplit d'un seul coup, tout le monde s'embrasse. C'est merveilleux de voir ça, ce sont des instants vraiment magiques, qui font du bien», a-t-il souligné avant de parler de son nouveau statut qui lui avait permis d’être décisif. «Inconsciemment, ce rôle m'a aidé, c'est sûr. Avec le brassard, je sens que j'ai plus de responsabilités, mais ça ne reste qu'un bout de tissu. Être un leader, en fait, ça va au-delà du brassard», martèle-t-il.
«Le sacre à la CAN m’a fait rappeler le titre avec Leicester»
Le journaliste évoquait avec Mahrez la force que puisait le groupe durant la CAN au point où il affirmait que l’équipe était presque "habitée". «Il y a des moments comme ça dans le football, ça ne s’explique même pas. C’est comme avec Leicester, quand on a gagné le titre (en 2016). On sentait vraiment qu’il ne pouvait rien nous arriver. Là, j’ai ressenti exactement la même chose. Avec tout ce qui nous poussait autour, on avait une super équipe, un super entraîneur… Tout était réuni», disait le joueur algérien pour décrire le mois de compétition passé en Égypte avec la sélection nationale et l’enchaînement des rencontres.
«L’avenir de Belmadi ? On va respecter sa décision»
En parlant de Djamel Belmadi, Riyad Mahrez n’a pas été avare en louanges quant à son rôle prépondérant sur le niveau affiché par l’équipe, mais aussi de son avenir à la tête des Verts. «Complètement. Sur le bord du terrain, il se donne autant que nous, c'est le douzième joueur. Il nous parle beaucoup, "reviens !", "serre ici !" (rires) Il vit le truc à fond. C'est magnifique ! Il nous a redonné les valeurs et l'état d'esprit dont on avait besoin. Plus que du talent, il fallait être une équipe, et Djamel a su faire de l'Algérie une équipe. Tout le mérite lui revient», a-t-il indiqué, tout en montrant quelques appréhensions par rapport à son avenir avec la sélection. «On en a discuté entre joueurs. Par rapport à ce qu'il se passe, c'est lui qui prendra sa décision, et on la respectera», a-t-il déclaré sachant que le président de la Fédération algérienne de football (FAF) Kheïreddine Zetchi, dont Belmadi est proche, est poussé vers la sortie. Le sélectionneur pourrait lier son avenir à celui de Zetchi.
«Je ne fais pas de politique, mais il fallait répondre à certains»
Il faut dire que Riyad Mahrez n’a pas échappé à plusieurs polémiques durant la CAN, notamment les débordements provoqués par la célébration des différentes qualifications des Verts ou encore cet épisode du Premier ministre égyptien. Le capitaine algérien avait répondu avec intelligence à des messages hostiles sur les réseaux sociaux, notamment ceux du politicien élu du RN. «Je l'ai fait sur le moment parce que je sentais qu'il fallait le faire. Bon, ça a fait un gros buzz. Mais c'est tout, on va s'arrêter à Mahrez le footballeur, je pense que c'est là où je suis le plus légitime, je ne fais pas de politique ! Il fallait lancer un message, il fallait vraiment le faire, mais soft... (sourire) Ça ne sert à rien de mettre de l'huile sur le feu, d'attiser la haine. Il faut se mettre au-dessus d'eux. Il n'y a pas d'un côté les Algériens, de l'autre les Français... On est tous ensemble. C'est pour ça que je tweetais les deux drapeaux. Je joue pour l'Algérie, je suis né et j'ai grandi en France», a-t-il justifié ses propos.
«Je ne vaux pas plus qu’un autre parce que je joue à Manchester City»
Ce statut de binational, Mahrez refuse que son rôle dépasse le foot. «Ce que j’essaye de transmettre, c’est juste qu’il faut toujours rester simple, avec humilité. Je ne vaux pas plus qu’un autre parce que je joue à Manchester City. J’ai ces valeurs-là depuis tout petit. Des fois, le foot, et plus généralement la réussite, ça monte à la tête. C’est pour ça qu’il faut avoir un environnement sain autour de soi, avec des personnes qui font en sorte que tu gardes les pieds sur terre. J’ai cette chance», a-t-il souligné.
- N.
Maman Mahrez : «Gagner la Coupe du monde... On ne sait jamais hein !»
La fin de l’interview qu’a accordée Mahrez à l’Equipe n’a pas manqué de quelques touches de rires, surtout avec l’intervention de sa maman Halima, suite à la question relative à son prochain rêve comme capitaine des Fennecs. La réponse de Mahrez a été quelque peu raisonnable et mesurée, mais ce n’était pas le cas pour sa maman. «Franchement, après la Coupe d'Afrique, je ne pense pas qu'on va gagner la Coupe du monde...», a-t-il souligné, mais sa mère l'interrompt en lui lançant : «On ne sait jamais, hein !», avant que Mahrez ne rétorque : «Noooon maman... Enfin, on verra bien», le tout suivi d’un éclat de rire. En fin, concernant la Coupe d’Afrique et le trophée, Mahrez a assuré que Slimani l’a laissé en Algérie. «(Rire) Il l’a laissée. Elle est en Algérie», conclut-il.
- N.