Passé de l’autre coté de la barrière, tout récemment après avoir raccroché les crampons cette saison, ce meneur de jeu surdoué, a pendant presqu’une décennie défendu les couleurs nationales. Son amour et attachement pour l’équipe nationale n’est un secret pour personne. Dans cet entretien, il ne dissimule pas sa fierté après le formidable sacre des Verts en Egypte et évoquera en outre ses projets.
Comment vivez-vous votre nouvelle vie de jeune retraité ?
Pour un footballeur, quand on arrête, on ressent toujours un petit manque, quoique pour moi, le fait que je suis dans le staff technique de l’équipe réserve, je ne me suis pas trop éloigné du milieu. Comme tout le monde le sait, je suis l’entraîneur adjoint de la réserve de mon dernier club, US Orléans. Je vais passer mes diplômes d’entraîneur, j’ai décidé de faire ce métier très passionnant qui, de surcroît, me permettrait, comme je l’ai dit, de rester dans un milieu où j’ai fait toute ma vie jusqu’à maintenant. Une fois que je décrocherai mes diplômes, je pourrais aspirer à mieux. Mais je ne suis pas pressé, je viens tout juste de raccrocher les crampons.
Ainsi, c’est une nouvelle aventure qui commence pour vous…
Exact. Je suis ambitieux, à l’instar de ma carrière de joueur, je vais essayer de faire une autre, pourquoi pas meilleure comme entraîneur. En tout cas, je suis vraiment motivé pour bien réussir ma reconversion.
Parlons de l’EN. On imagine que vous n’avez raté aucun match de la CAN d’Egypte…
Franchement, on a vécu des moments inoubliables lors des matches livrés par l’EN. J’étais anxieux et stressé. Quand on est acteur, on ne ressent pas les mêmes émotions que lorsqu’on est dans les tribunes ou devant le petit écran. On est très fiers de notre équipe nationale. Je lui dirais tout simplement bravo !
Plusieurs semaines avant le tournoi, Belmadi avait dit que l’EN postulerait pour le sacre, rares sont ceux qui l’avaient pris au sérieux…
De toute façon, toutes les sélections qui participaient à la CAN avaient la même ambition. Quand tu vas à cette compétition, c’est pour la gagner. Djamel avait raison de le déclarer.
Quelle impression vous a laissée cette sélection ?
J’ai remarqué que les joueurs étaient solidaires, il y avait un excellent état d’esprit. D’ailleurs, les joueurs donnaient l’impression d’être heureux de vivre ensemble. En outre, l’équipe était bien en place sur le terrain, grâce à sa bonne organisation, elle a fait un tournoi sans faute. Par ailleurs, on avait un banc de touche de bonne qualité. Bref, l’EN mérite amplement son sacre. En Egypte, elle était tout simplement de loin la meilleure équipe du tournoi.
Ayant été le coéquipier de Belmadi, notamment lors de la CAN 2004, êtes-vous surpris qu’il ait réussi rapidement à hisser l’EN sur le toit de l’Afrique ?
Pas du tout. Djamel a de bonnes idées, n’oublions pas qu’il a remporté des titres avec le Qatar. Et ce qui me fait un grand plaisir, c’est qu’un compatriote ait réussi à remporter la CAN. Avant, on ne faisait pas confiance à l’entraîneur local, mais en donnant la chance à Belmadi, la Fédération a fait un excellent choix, comme l’atteste ce titre remporté dans une compétition relevée.
Votre génération n’a pas eu la même réussite malgré qu’elle regorge de joueurs de talents, des regrets ?
Des regrets, non ! On a fait de notre mieux, avec au bout une qualification historique à la coupe du Monde 2010.Sincèrement, comme je l’ai dit, la sélection actuelle repose sur un effectif riche, avec un banc de touche de très bonne qualité. La différence entre notre génération et celle d’aujourd’hui réside dans la richesse de l’effectif, à mon avis.
Vu que vous avez embrassé la carrière d’entraîneur, seriez-vous tenté de prendre les destinées techniques de l’EN à l’avenir ?
Pas dans l’immédiat, ce n’est pas d’actualité. Je dois faire mes preuves dans ce nouveau métier. On verra bien si ça peut se faire ou non un jour ?
Récemment, on a assisté à un phénomène, celui de voir des jeunes qui ont moins de 30 ans, tenter l’aventure au Golfe, comme par exemple Brahimi qui pouvait évoluer encore des années en Europe, votre avis ?
Quand vous avez des Brésiliens, ou un joueur comme Gian Asamoah (Ghana) signer dans un club du Golfe, c’est que certainement on lui a donné plus. Cela dit, je me demande pourquoi on est en train de dénigrer le niveau des équipes de cette région. Pour avoir joué là-bas (NDLR - il a été au Qatar et ensuite aux Emirats), je peux vous assurer que le niveau est élevé. Ce n’est pas facile de s’imposer en Asie, contrairement à ce que l’on croit.
Entre nous, jouer devant des gradins vides, c’est ennuyeux pour un footballeur qui est en mesure de jouer en Europe…
Vous en tant que journaliste, si un organe de presse vous propose le triple ou quadruple du salaire que vous percevez à Compétition, que feriez vous ? (rires).
Mais en Europe, les joueurs gagnent bien leur vie, peut-on dire que c’est un manque d’ambition de leur part ?
Je viens de vous le dire, dans les pays du Golfe, on peut gagner beaucoup plus d’argent. Il ne faut pas se voiler la face, l’argument financier est derrière l’exode des joueurs dans ces pays.
- S.