Adel Amrouche : «Je n’ai jamais demandé à mes joueurs d’être agressifs»

Accusé d’avoir donné des consignes agressives à ses joueurs lors du match Botswana-Algérie, Adel Amrouche, le sélectionneur du Botswana, répond sagement à tout ce qui a été dit contre lui. Celui qui a toujours réagi en nationaliste, représentant dignement son pays en Afrique, un drapeau algérien toujours collé à sa chemise, livre ses explications.

 

En dépit du fossé qui sépare les équipes du Botswana et de l’Algérie, vous n’avez perdu que 1 à 0…

Malheureusement, une défaite, grande ou petite, reste une défaite. Il y a eu des choses positives de notre part et d’autres qui se sont moins bien passées. C’était un match engagé, chacun voulant faire son match. La sélection algérienne a des joueurs de classe mondiale, rien à voir avec les miens qui sont des éléments locaux, mais qui n’ont pas à rougir de cette défaite. Sur le terrain, je n’ai pas vu l’Algérie que j’attendais, on a eu le match en main plusieurs fois, la chance a finalement été du côté du gars d’El-Hamri, Youcef Belaïli, en l’occurrence, le vent a soufflé en sa faveur.

 

C’est rageant…

Oui, c’est un peu rageant, mais c’est le football. Quelques jours auparavant, notre gardien avait réalisé un match exceptionnel au Zimbabwe et, là, il a commis une erreur d’appréciation. Je ne pensais que le but allait être marqué ainsi, mais c’est ça le foot aussi. Après la fin du match, j’ai attendu tous les joueurs algériens, je n’ai relevé aucune blessure grave et c’est le plus important. L’engagement était dans les deux sens. Quand on joue un match de foot, il faut s’attendre à ce qu’il y ait des contacts, ce n’est pas du tennis. L’entraîneur ne peut pas pénétrer sur le terrain pour freiner son joueur quand il se jette pour un tacle.

 

Djamel Belmadi, le sélectionneur de l’Algérie, a laissé entendre que vous avez donné des consignes à vos joueurs pour être agressifs sur le terrain…

Ce n’est pas vrai, pas du tout. Benlamri a eu des tacles appuyés qui méritaient aussi le carton rouge, Atal aussi, mais je n’ai jamais parlé de ça après le match. Mieux, j’ai été à la rencontre de tous les joueurs, j’ai tenu à les féliciter et à leur souhaiter un bon voyage et une bonne chance pour la suite. Je vais être plus clair sur cette question.

 

Allez-y…

Sachez que j’ai fait sortir notre milieu de terrain parce qu’il s’en est pris à Guedioura, il l’a poussé et a il a voulu même le gifler. Il était d’ailleurs mécontent en sortant, il s’est même quelque peu accroché avec moi et tout le monde s’est mis à crier. Quant à notre numéro 6, celui qui a été expulsé, je l’avais avisé à la mi-temps en lui disant que s’il ne se calmait pas, il allait prendre un second carton jaune. C’est ce qui arrivé, j’étais furieux contre lui dans le vestiaire, je l’ai engueulé parce qu’il nous a laissés à dix sur le terrain et que ce n’est pas ce que je recherchais.

 

On vous reproche de ne pas être venu à la conférence de presse en déléguant votre adjoint…

Avant le match, je souligne que j’ai salué Belmadi. Après la rencontre, j’ai préféré ne pas aller à la conférence de presse parce que je ne suis pas en mesure de dire quelque chose de négatif sur mon pays. Donc, j’ai évité de me présenter pour qu’on garde une bonne image l’un de l’autre et que le respect continue d’être de mise. A ma place, j’ai envoyé mon adjoint, une femme, l’Allemande Braun, en l’occurrence. Elle a un doctorat, je peux donc vous assurer que ce n’est pas n’importe qui. Ce n’est nullement un manque de respect, bien au contraire.

 

Peut-on revenir sur l’histoire de l’entraînement survenu la veille du match ?

D’abord, je dois mettre l’accent sur le fait que j’étais ravi de me confronter à une équipe championne d’Afrique dont je connais les joueurs pour la plupart. Ensuite, je rappelle que l’Algérie est arrivée une journée avant nous au Botswana. Nous, on était en escale pour rentrer au pays après notre match au Zimbabwe. Personne ne m’a avisé pour me dire que l’Algérie devait s’entraîner à 19h au lieu de 21h, à l’heure du match comme le prévoit le règlement. C’est pour cela que j’ai programmé ma séance d’entraînement à 19h. Il y a sans doute eu un malentendu. Autrement, je peux vous assurer que si Belmadi ou un autre de la délégation algérienne m’avait demandé de leur céder le terrain à 19h, je l’aurais fait avec plaisir et j’aurais opté pour un autre terrain sans souci. Je crois avoir montré, si besoin est, encore une fois mon amour pour le pays et mes compatriotes à travers quelques actions en direction des Algériens qui se sont déplacés au Botswana.

 

Peut-on en parler ?

J’ai procuré des billets d’accès au stade à une trentaine de supporters algériens, cela m’a beaucoup fait plaisir. J’ai envoyé des invitations même aux supporters algériens qui étaient bloqués à Doha. Il y en a un aussi qui a été interpellé à la frontière avec l’Afrique du Sud, je suis intervenu pour qu’il puisse voir le match. Je n’aime pas trop parler de ça, mais je mentionne cette fois ces éléments uniquement pour vous dire à quel point j’étais content de retrouver les miens et de leur venir en aide autant que je pouvais.

 

Donc, au final, pas de souci entre vous et Belmadi ?

Ecoutez, je n’ai pas cessé de faire les éloges de Belmadi et de son équipe, comment pourrais-je porter atteinte, du jour au lendemain, à une équipe et à un technicien dont je fêtais deux mois auparavant la victoire en Egypte, dans la rue en compagnie de mes enfants ? Les gens malintentionnés qui veulent nuire à la bonne relation entre nous, entre deux techniciens algériens, doivent cesser leur sale besogne. J’ai toujours évité de jouer contre mon pays mais, là, ce n’était pas possible car j’avais déjà signé mon contrat avec le Botswana. Et là, je dis : stop avec la «namima», l’Algérie avant tout !

  1. S. / H. D.

 

 

 

 

 

 

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