EN : Ils parlent de Belmadi

Le magazine France-Football a consacré un long article sur Djamel Belmadi, dans lequel on a fait parler ses anciens entraîneurs, ses coéquipiers et les joueurs qui ont travaillé sous ses ordres depuis qu’il est entraîneur avec la réussite que l’on sait.

Tous ceux-là racontent sa personnalité et leurs souvenirs avec l’actuel entraîneur de l’équipe nationale.

 

Delort : « La première fois, je tremblais »

‘’C’est la sincérité. C’est quelqu’un qui dit des choses et qui les fait. Quand il montre un chemin, il le respecte jusqu’au bout et ce qu’il a fait avec nous pour la CAN. Je connaissais un peu le joueur, mais l’homme avant la CAN, je ne le connaissais pas. On ne m’avait dit que du bien et j’ai vu que j’avais eu les bonnes informations. La première fois qu’il m’a appelé, j’avais le stress. Un monsieur de la FAF chargé du volet documents pour je puisse jouer avec l’Algérie m’a appelé et m’a dit : ‘’Tiens, je te passe quelqu’un. ‘’ Je tremblais. C’était quelque chose de nouveau pour moi. C’était très touchant, je ne l’oublierai jamais. J’ai eu un discours sincère de sa part. Il est super droit. J’ai rarement vu un entraîneur qui arrive à être à la fois sévère et proche des joueurs. En plus, les joueurs savent faire la part des choses : quand il est proche de toi, tu ne vas pas trop prendre confiance. Le coach trouve le juste milieu. Dans une équipe jeune comme la nôtre, avec des joueurs de caractère, c’est l’entraîneur parfait, et on l’a vu. Quand une équipe arrive à trouver un entraîneur parfait, les exploits se produisent. On s’appelle de temps en temps, c’est quelqu’un de très simple. Il est très impliqué. C’est quelqu’un qui aime énormément son métier. Dans sa qualité sur ses vidéos, son coaching, il m’a impressionné. Ce qui m’a aussi marqué, c’est qu’au dernier moment, contre la Côte d’Ivoire en quart de finale de la CAN, il me fait entrer pour les coups francs et les tirs au but. Et ça, il me l’avait dit. Il m’avait dit : ‘’Tu verras, tu auras un rôle à jouer.’’ Et avant d’entrer, il m’a dit : ‘’C’est maintenant !’’ Il donnait sa chance à tous les joueurs. Je me rappelle aussi, quand je les ai rejoints à Doha et que j’ai marqué mon but (match amical), alors que j’étais en vacances, il était super content. Ce sont des moments inoubliables’’, témoignera Andy Delort.

 

Hemdani : «Pour lui, le maillot de l’Algérie, c’est sacré »

‘’ Un homme avec des principes et des valeurs. Quelqu’un d’honnête qui détonne un peu dans le milieu. Vous savez, c’est un milieu où il y a beaucoup d’hypocrisie, mais lui, non, il est entier. Il déteste l’injustice. Quand il a quelque chose à dire, il ne le fera jamais de manière détournée, mais ira droit au but et la personne concernée. Vous ne risquez pas d’être pris à défaut dans le dos. Sa carrière n’a pas été un long fleuve tranquille ; il a été prêté un certain nombre de fois, il n’a pas eu l’opportunité et la chance de se stabiliser dans un club. Mais malgré ça, il a fait partie des joueurs qui ont toujours poursuivi leur chemin bec et ongles, sans se lamenter sur leur sort. C’est aussi un trait de personnalité : il est très têtu, il va au bout des choses. Joueur, il n’accordait pas facilement sa confiance. Quand il vous a en ami, il n’y a aucun souci, il était capable de rigoler, de se lâcher. Mais à la base, il est très méfiant.’’ En Algérie, il a joué beaucoup de matches à l’époque où il n’y avait pas forcément les moyens d’aujourd’hui ; mais ce n’était pas une problématique pour lui. Pour lui, porter le maillot national, c’était un honneur, c’était sacré, c’était un privilège. Malgré les circonstances compliquées, à chaque fois qu’il a été appelé, il a répondu présent. Les Algériens ont cette image, c’est quelqu’un qui s’est donné pour l’équipe nationale. Quand il a été intronisé sélectionneur national, les joueurs ont eu ce ressenti-là : le fait qu’il était respecté parce qu’il avait tout donné au maillot. Cela a eu un impact non négligeable sur la suite des événements’’, le décrit Brahim Hemdani qui était son coéquipier à l’Olympique de Marseille.

 

Tahrat : « Contre le Nigeria, il nous a dit que Ryad allait le mettre. »

 ‘’ C’est le coach que j’ai le plus apprécié. C’est quelqu’un d’authentique, de vrai, de très, très professionnel. Il est ultra-rigoureux, il ne laisse pas de place au hasard dans son travail. Concernant sa méthode, quand on commence une séance, il aime toucher le ballon. On sent que c’est un coach qui a été joueur, qui aime le football. Avant la séance, on en profite pour faire des exercices à deux touches de balle ; il a gardé un vrai esprit de compétiteur, il n’aime pas perdre (il sourit). Quelqu’un qui est capable de vous donner l’impression d’être un grand frère sur le plan relation, mais qui garde, en même temps, une certaine proximité professionnelle et une rigueur dans le travail. Vous l’appréciez comme un grand frère, mais vous le respectez parce que vous savez qu’il est très exigeant dans le travail. Tellement exigeant que vous savez qu’il ne faudra pas rigoler. On sait que ce sera un autre Djamel. Pendant la CAN, il y avait des moments où l’on pouvait discuter et rigoler avec lui. Quand vous rentrez dans des séances vidéo ou d’analyse de match, il ne faut pas tenter de rigoler. On passe à la phase de travail, et c’est quelqu’un de totalement différent. C’est ce qui le caractérise le plus. A la CAN, au fur et à mesure de la compétition, on sentait que ça tournait positivement ; on avait ce sentiment que rien ne pouvait nous arriver. Quand on affronte le Nigeria en demi-finale de la CAN, Ryad Mahrez s’apprête à exécuter son coup franc victorieux dans les arrêts de jeu. Je me souviens que Djamel, assis sur la glacière à côté de nous, nous dit : ‘’Il va le mettre, c’est sûr !’’ En plus, il avait eu une discussion avec lui (Mahrez ) par rapport au gardien adverse : ‘’Sur les coups francs, essaie de tirer côté ouvert, côté gardien. Si tu le fais correctement, ça peut rentrer.’’ Ce qui nous permet de basculer en finale. Cela nous a marqués car après ça, on s’est dit que c’est impossible qu’on ne la gagne pas. Des fois, on peut avoir des conversations sur la vie de tous les jours. Très récemment, il a pris des nouvelles ; il demande comment ça se passe, si l’on va bien, il est très attentionné. C’est quelqu’un de profondément humain.’’

 

Belbey : « Joueur, il était déjà trop exigeant avec lui-même »

‘’Quand il est arrivé en équipe nationale, on se retrouvait toujours à Marignane, à Marseille, on prenait notre avion ensemble. Avec certaines parties de rigolades. Quand on arrivait à l’aéroport, alors que la Fédération a assuré qu’on avait des billets électroniques et qu’il fallait juste prendre le passeport, mais il n’y avait rien du tout (il rit), on devait téléphoner à droite et à gauche pour savoir où étaient les billets. Je me souviens aussi du match de 2001, quand on a joué la France (1/4). Il y a ce coup franc ; on est 3 ou 4 autour du ballon. Djamel dans toute sa splendeur a dit : ‘’Laisse, je la mets !’’ On s’est écartés ; il nous a demandé de se mettre à côté du mur. Il l’a juste fouetté au-dessus. Et il n’avait pas menti ; il avait promis, il l’a mise. C’était Djamel. A l’époque, pour moi, c’était un joueur d’exception. Il avait un certain talent, avec un don pour dénouer des matches, des situations sur une accélération, un geste technique. Quand on n’avait pas trop de solutions, on donnait le ballon à Djamel, quelqu’un de très technique balle au pied. Il donnait beaucoup de conseils à tout le monde. Mais de là à dire qu’il allait être le sélectionneur de l’équipe nationale, non, je n’avais pas pressenti ça. Mais en tant que joueur, il était très exigeant envers lui-même. Il était fâché contre lui. Cela démontrait une certaine envie de bien faire. Je pense qu’il aurait pu faire une meilleure carrière de joueur. Etre dans un club européen huppé tel qu’Arsenal. Aujourd’hui, c’est une fierté. Quand avant la CAN 2019, il a dit : ‘’On va aller au bout’’ et que tout le monde a légèrement souri, y compris moi, il ne s’est pas trompé : il est venu, il a vaincu, il est reparti.’’

 

Courbis : « Contrairement à Zizou, lui je le voyais coach »

‘’ On avait eu des échos de lui à Marseille. Un gars qui a le nez sur pas mal de joueurs maghrébins m’avait téléphoné. Au départ, c’était pour meubler l’effectif. Jeune dans une équipe de Martigues, on savait qu’il avait une grosse marge de progression ; très sérieux, ça s’est fait. On a sympathisé tout de suite et on resté en très bons termes. Une fois parti à Lens, quand je suis revenu au Vélodrome, je fus accueilli par le public marseillais par des sifflets. Mais malgré ça, il était venu me saluer et m’embrassait comme si de rien n’était. Car il pensait que j’avais filé un coup de main à sa carrière et ça m’avait fait très plaisir. Il n’a pas la mémoire courte. C’est un gars reconnaissant, et ce n’est pas pareil chez tout le monde.’’ ‘’’Si l’on parle d’Algériens, autant je n’imaginais pas Zizou (Zidane, ndlr) en coach, autant je n’ai pas été étonné quand j’ai vu Belmadi entraîneur’’, estime Rolland Courbis

 

Bezzaz : «Il n’aime pas être dans la lumière»

‘’ Son parcours de joueur l’a aidé dans son métier d’entraîneur. J’ai côtoyé quelqu’un qui aime la gagne (il a été son coéquipier à Valenciennes). Je me souviens que, après les entraînements, on  restait une heure, une heure et demie à faire un jeu. Comme il aime gagner, il voulait toujours rester. Et quand il gagne, il aime bien chambrer. Sa force, c’est d’aimer la victoire. Il a transmis ça à ses joueurs. Il a aussi un grand cœur ; il est juste dans ses choix, il aime être bien juste avec les gens. Il aime aussi faire ses affaires discrètement. Même dans la réussite qu’il a connue, il n’aime pas être dans la lumière. Aujourd’hui, il est très respecté en Algérie par rapport à sa personnalité et ses résultats’’, affirme l’ancien international.

 

Fernandez : « Djamel fait partager aux autres ce qu’il a appris quand il était joueur »

‘’ Quand je l’ai lancé à Paris, c’était dans la continuité de ce que j’ai fait avec Didier Domi et Nicholas Anelka ou Johan Micoud et Patrick Vieira à Cannes. Je l’ai toujours dit, il avait les qualités pour réussir au haut niveau. C’est toujours quelqu’un resté humble et sérieux. Je n’ai pas ressenti quelqu’un en retrait pour autant, au contraire. J’ai observé ses prises de balle, ses contrôles, son placement, son replacement tactique et je n’ai pas eu de craintes.  Si je l’ai gardé, c’est parce que le caractère et l’attitude étaient parfaits. Et pour moi, c’est une priorité chez un jeune. Il se comportait remarquablement bien. Si je l’ai lancé, c’est qu’il était sage. Tu apprends du parcours dans lequel tu commences. Quand on te donne la chance et que tu réussis, tu te dis que, plus tard, c’est à toi de faire partager aux autres. Djamel est comme ça’’, considère Luis Fernandez, le premier entraîneur à l’avoir lancé dans le bain de la L1 en France quand Djamel Belmadi évoluait dans son club formateur le Paris Saint Germain.

  1. S.

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