Le tirage au sort, qui a désigné les Verts face aux Lions indomptables du Cameroun dans un match barrage explosif prévu en mars, a fait couler beaucoup d’encre. C’est sur fond de mini-crise entre les deux camps que cette partie s’est imposée, soit pour régler les petits conflits nés durant cette CAN, soit pour aggraver la situation. Mais d’ici à la désignation des terrains et le choix des dates des deux rencontres, les deux camps vont devoir attaquer le travail de coulisse, car il s’agit d’un tour décisif qui écartera l’un des deux teams du Mondial qatari ; d’où la prudence avec laquelle il faudra agir et très vite. Même si la concentration côté camerounais est pour le moment sur la CAN qui se poursuit, les Lions s’apprêtent à jouer dès ce soir leur 8e contre les Comores, il n’en demeure pas moins que la Fecafoot commencera dès à présent à préparer le fameux match de mars. Eto’o, qui vient tout juste d’être installé président de la Fédé’ locale, entamera une nouvelle mission. Il faut dire que ses débuts étaient réussis avec son bras de fer engagé contre la FIFA et la CAF et tous ceux qui ont voulu retarder la CAN de son pays. Il a gagné le pari et arraché le droit de tenir cette CAN malgré les carences, prouvant à son président et à son peuple qu’il a de quoi défendre les intérêts de son pays devant les instances mondiales.
Bras de fer compromettant
Mais tout n’a pas été rose pour Eto’o dans cette folle course contre la montre, qui lui a permis d’arracher le OK des dirigeants du football. Au terme d’une série de réunions et d’un bras de fer avec la FIFA et son bureau, le comité exécutif de la CAF a refusé le report de la CAN et a mis la FIFA devant le fait accompli.
Des informations vérifiées ont même fuité : les 3 représentants africains au niveau du bureau de la FIFA, à savoir l’Egyptien Abourida, le Marocain Lekjaâ et le Burkinabé Sangaré ont voté contre le maintien de la CAN. Un trio traité par Eto’o de traîtres. Samuel, très dur dans ses propos à Canal+ sport avant cette CAN, a pointé du doigts le Bureau exécutif de l’instance mondial et même Infantino. Certes, il dit avoir de bons rapports avec le président de la FIFA, avec qui il affirmait «discuter », mais il est clair que ce dernier n’a pas du tout apprécié les manœuvres de l’ancien attaquant du Barça dans les coulisses. Il a monté la CAF et son Comex contre la FIFA, ce qui a plombé l’ambiance entre les deux camps.
Peuple hostile
L’absence d’Infantino lors de cette CAN et son passage de quelques heures pour assister à la cérémonie d’ouverture le 9 janvier dernier confirment ce malaise. D’ailleurs, l’Italo-Suisse a été copieusement hué et sifflé lors de cette cérémonie en présence du président du chef d’Etat Camerounais Paul Biya. Un comportement resté en travers de la gorge du patron du football mondial et n’arrange pas les relations entre les deux hommes. Samedi déjà, lors du tirage effectué à Douala, Infantino s’est contenté d’une vidéo enregistrée et diffusée avant le tirage de la compétition-phare de la FIFA. Il n’a pas jugé utile de se déplacer au Cameroun, alors que d’habitude, il est toujours présent à chacune des cérémonies du football africain. Un tas de preuves que le courant ne passe pas entre Samuel Eto’o Fils et les dirigeants du football mondial. Cela met déjà le Cameroun en difficulté avant de rencontrer l’EN en mars dans une compétition gérée par la FIFA.
Arbitrage
Infantino, Abourida, Sangaré et Lekjaâ ne portent pas Eto’o dans leur cœur, ni même le Cameroun. Ce constat risque de peser lourd dans la balance ou au moins priver l’ancien Catalan de bouger en toute liberté, comme il a pu le faire à l’échelle africaine. Dès mars, la compétition change et la FIFA reprendra le contrôle des choses. C’est là qu’Eto’o va devoir faire face aux difficultés. Déjà, les médias camerounais ont bien remarqué comment le chef d’Etat Biya l’a mis à l’écart lors de la cérémonie d’ouverture. Le premier homme au Cameroun ne voulait pas d’Eto’o de peur qu’il lui fasse de l’ombre. Cette éclipse de Samuel risque de se prolonger et de se répandre jusqu’à toucher la liberté de l’ex-Lion indomptable. Un marquage qu’Eto’o peut toutefois contourner, en bon attaquant qu’il était. Il faudra rester donc vigilant, car vu tous les obstacles auxquels il va faire face, il pourrait se rabattre sur le système D. Par exemple sur un arbitrage africain pas très clean. De l’avis même du président Motsepe, qui en faisait le constat après son installation, la compétition mondiale dans son dernier tour en mars sera dirigée par des referees africains. Pas la peine de rappeler les péripéties de ces derniers avec l’EN, comme ne cesse de le rappeler Belmadi, d’où la nécessité de rester vigilant. La FAF, à laquelle on a souvent reproché son absence à ce stade des coulisses depuis 2017, se doit de se préparer à contrer un éventuel plan diabolique. L’EN, qui fait face à un sérieux problème de confiance, doit être rassurée afin de se concentrer sur le rectangle vert et répondre au Cameroun et aux Camerounais sur le terrain.
- M. A.