Salah Assad : « Je n’aime pas quand les gens critiquent l’EN »

Grande star de l’EN dans les années 80, l’ancien mondialiste en 82 et 86, au pied gauche magique, estime que l’EN actuelle a besoin de sérénité et qu’elle regorge de joueurs de talent pour rebondir et reprendre son leadership sur la scène continentale.

 

Les deux dernières contre-performances de l’EN en amical ont fait dire à certains que les joueurs sont toujours traumatisés après la dramatique élimination au Mondial du Qatar, votre avis ?

Effectivement, le scénario de la fin de match contre le Cameroun à Blida est incroyable, alors que cet adversaire, on avait réussi à le battre avant en gagnant à Douala. On pensait avoir fait le plus dur, hélas le scénario inimaginable s’est produit. Ce match retour, on le jouerait 1000 fois, on ne le perdrait pas. Malheureusement, c’est arrivé ce jour-là, et pourtant on pouvait l’éviter.

 

Comment ?

Il fallait être roublard. Désolé, on n’encaisse pas un but de cette façon. Il y eut un manque de concentration flagrant et impardonnable de nos joueurs. Évidemment, une telle défaite laisse forcément des traces. Mais je n’ai pas aimé ce qui se passe en Algérie depuis cette fameuse élimination.

 

Que voulez-vous dire ?

On a l’impression chez nous que le monde s’est arrêté après cette élimination qu’on a dramatisée à outrance en mettant autant de pression sur les joueurs, de surcroît assez jeunes pour la plupart. Il faut leur remonter le moral et les soutenir en créant un climat serein, ce dont ils ont besoin. Je suis sidéré de voir des gens les critiquer et tout remettre en question après cette élimination. Il faut qu’on tourne la page définitivement.

 

Les résultats contre le Mali et la Suède enfoncent la sélection nationale et son entraîneur…

Le Mali a toujours été un adversaire dur à jouer. Il nous a toujours créé des problèmes et ses joueurs sont toujours hyper-motivés quand ils jouent contre l’Algérie. Néanmoins dans ce match, le coach national (Belmadi) a mis des éléments à l’essai. Contre la Suède, il y avait des choses positives et négatives.

 

Par exemple ?

J’ai remarqué beaucoup de déchets techniques. Aussi, perdre des ballons faciles se paye cash dans le haut niveau. Toujours en défense, on doit apprendre à sortir le ballon vite lorsqu’on a le champ libre et jouer dans la verticalité, car quand on tarde à sortir la balle, ça donne confiance aux attaquants adverses et met en difficulté l’équipe.

 

Jouer pendant une heure à 10, après l’expulsion de Bensebaini à la 34’, n’a pas arrangé nos affaires…

D’autant qu’à cette occasion, l’entraîneur suédois a mis à l’essai de nouveaux joueurs qui voulaient se mettre en évidence pour gagner sa confiance avec une grosse envie et un engagement total. Ils ont créé des soucis à notre équipe. Mais je le rappelle, il ne faut pas enterrer cette équipe, on a un bon groupe de joueurs, qu’on les laisse bosser tranquillement, ils ont en ces temps-ci plus besoin de sérénité.

 

Les échecs font partie du jeu…

Effectivement, j’étais très jeune quand on a été éliminé par la Tunisie en Coupe du monde 1978 et même avant en 1970, alors qu’on avait des joueurs surdoués à l’instar des regrettés Hassan Lalmas, Miloud Hadefi et Amirouche ou Selmi. Malheureusement, on n’a pas été au Mondial. A l’époque, c’était un drame. Après, il y a eu notre génération dans les années 80 qui a réussi à se qualifier 2 fois de suite en Coupe du monde (1982 et 1986). Malgré, je précise, tous les problèmes auxquels on était confronté, on était toujours présent dans les grands rendez-vous.

 

Dans la génération actuelle, il y a un joueur qui évolue dans le même poste que vous. Mais contrairement au visage qu’il affiche avec West Ham, il tarde à donner toute l’étendue de son talent quand il est avec la sélection ; comment l’expliquez-vous ?

Depuis tout à l’heure, je ne parle que de la pression que subissent nos joueurs. Le rendement de Said Benrahma peut avoir un lien avec cette pression. C’est un excellent joueur, sa manière d’attaquer me plaît beaucoup, il est capable d’éliminer des adversaires avec une facilité déconcertante. Sans l’ombre d’un doute, lui et toute l’équipe vont démarrer en même temps.

Quand ?

Le plus tôt possible.

  1. S.

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