Élu le jeudi 21 septembre 2023 lors de l’AG élective qui s’est déroulée au Centre technique national (CTN) de Sidi Moussa avec 76 voix pour, 5 contre et 1 bulletin nul, le patron de la Fédération algérienne de football, Walid Sadi, a déclaré, lors d’une conférence de presse organisée sur place, que les 18 mois qui restent de l’actuel mandat (2021-2025) sont « suffisants » pour réaliser les objectifs qu’il s’était fixés même s’ils sont nombreux. Sadi a pris la parole pour dévoiler son programme. Il a énuméré ses « 21 objectifs ».
Il était question de réorganiser l’organigramme de la FAF, moderniser et numériser sa gestion, clore le dossier de la mise en conformité des statuts avec les lois en vigueur, améliorer sa situation financière, notamment en diversifiant ses sources de financement. Il avait aussi évoqué avec insistance la préparation de la CAN 2023. Le président a même mis cela au-devant de la scène, comme priorité des priorités. Il savait que le temps était court et qu’il n’en restait pas beaucoup. C’est pour cela qu’il a promis d’apporter l’aide qu’il faut à la sélection et à son entraineur Djamel Belmadi. Jusque-là, tout semblait parfaitement fonctionner. Et la suite confirmait cela. En effet, Sadi a joint le geste à la parole, en entamant le programme de préparation de la CAN, depuis le tirage au sort, intervenu moins d’un mois après son élection.
Le calme qui précède la tempête
Une première visite à Bouaké, une tournée africaine après le déplacement en Mozambique, avant de conclure le programme du stage de préparation, avec à la clé 2 rencontres amicales. En résumé, tout a été fait de façon à répondre favorablement aux demandes du sélectionneur national. Sadi a donc réussi le point essentiel et urgent qu’il avait tracé : mettre à l’aise Belmadi. Il pouvait même entrevoir l’avenir et la suite de son large programme, et les 21 ‘’commandements’’ qu’il s’était fixés. Mais c’était compter sans le voyage à Bouaké et l’énorme imprévu enregistré sur place, qu’est la catastrophique participation algérienne et l’élimination amère du premier tour de la CAN. Cette sortie a donc tourmenté l’Algérie du foot et bien évidemment la FAF. Sadi va devoir vivre des moments très difficiles à peine 4 mois après son arrivée à la tête de la FAF, alors qu’il croyait pouvoir préparer l’AGE pour l’amendement des statuts juste après la CAN. Ce retour prématuré à Alger l’a mis sur un tout autre circuit, celui des négociations et des contacts avec les entraineurs.
L’objectif de trop
Walid Sadi se voulait confiant juste après son élection. « On a établi nos objectifs en adéquation avec la durée du mandat », a-t-il déclaré durant sa première conférence et d’ajouter : « En 2025, on fera le bilan. » Des propos à l’époque rassurants et encourageants, mais il va devoir revoir ses plans, car l’affaire de la résiliation avec Belmadi ainsi que le recrutement d’un nouvel entraineur capable d’assurer la continuité et le bon fonctionnement de la machine vont l’épuiser. Il va y laisser des plumes, et cela retardera la bonne marche de son projet durant les 14-15 mois qui lui restent à diriger.
Ayant vécu l’aventure de 2014, lorsque Vahid a cédé sa place à Gourcuff, Sadi possède les capacités de rebondir, de trouver la solution, sauf que cette fois les choses sont un peu différentes. Trouver un coach qui connait la maison et qui peut prendre le train en marche en pleine éliminatoires de la CM2026 et à l’approche de ceux de la CAN 2025 ne sera pas une chose aisée. Il va falloir d’abord en finir avec le contrat en cours et qui semble créer un gros souci, car non seulement la FAF ne peut pas s’autoriser une aussi grosse perte d’argent pour éviter de revivre le scénario Alcaraz de Zetchi, en plus la FAF est en train de traverser une crise financière aiguë qui oblige le numéro 1 du siège de Dely Brahim à gérer ses dépenses, lui qui citait en septembre l’amélioration de la situation financière de la FAF parmi les 21 objectifs tracés de son court mandat. Les signaux, nous dit-on, sont au rouge, la Fédération ne peut pas se permettre des folies. Les exigences de Belmadi pour rompre le lien avec la Fédé’ arrivent au mauvais moment et sont considérées comme une folie par les responsables de cette dernière. C’est dire toute la difficulté qui s’est invitée dans la feuille de route initiale. Le retour précipité à Alger a donné lieu à un bras de fer. Même si ce dernier est solutionné, il faudra régler l’autre chapitre, celui du nouveau coach, le tout en pleine crise financière, puisque les derniers échos de la Fédération parlent de caisses vides, ce qui rend la marge de manœuvre très petite. Un défi, un de plus pour Sadi, appelé à être présent sur tous les fronts afin de ramener le calme et poursuivre sa série de reformes.
S.M.A.