Que ce soit avec son pays d’origine les Comores ou par la suite avec la sélection mauritanienne, cet entraineur (51 ans) a toujours fait du bon boulot. Lors de la CAN 2023, il a réussi l’exploit de battre l’Algérie en qualifiant les Mourabitoune pour leur première fois de l’histoire au 1/8 de finale. Considéré pour le ‘’faiseur de miracles’’, ce technicien est réclamé aujourd’hui par plusieurs fédérations du continent. En Algérie, il circule même pour qu’il soit le successeur de Belmadi. Dans cet entretien, il dévoile comment il a piégé les Verts et assure qu’il n’existe aucun contact entre lui et la FAF.
Le 23 janvier dernier, la Mauritanie a fait sensation en battant l’Algérie. Avant ce match, y croyez-vous à cet exploit ?
Dire que j’y croyais serait un peu prétentieux de ma part, mais honnêtement on savait qu’on jouait notre dernière chance alors que l’Algérie n’avait besoin que d’un nul pour se qualifier (1/8 finale) et à la fin, on l’a fait !
Il faut reconnaitre que vous avez bien joué le coup…
On a surtout joué avec nos moyens, et réussi à déjouer les Algériens. En plus, le but qu’on a marqué est arrivé au bon moment (37’). Comme vos joueurs ont abordé ce match avec la peur, ils ne s’attendaient pas à ce que la Mauritanie ouvre le score. On a senti après ce but que les Algériens avaient pris un sérieux coup derrière la tête. De toute façon, après avoir perdu nos deux premiers matches, on n’avait pas d’autre alternative que de gagner pour finir troisième. Seulement, il fallait y croire et tout donner pour chercher la qualification.
Tactiquement, votre équipe a été à la hauteur dans ce match, faut-il le reconnaitre…
On a commencé la partie avec un bloc médian qui s’est transformé après en bloc bas car l’Algérie a des belles individualités. J’ai demandé à mes joueurs de harceler le premier relanceur de jeu, à savoir Aïssa Mandi, afin d’obliger l’Algérie plus bas et ça a marché.
En prenant connaissance de la composition choisie par Belmadi, quelle était votre réaction ?
Pourquoi le cacher ? J’étais un peu surpris, même si je comprends pourquoi Belmadi a fait ses choix. Il voulait apporter du sang neuf à l’équipe, il a aussi misé sur la vitesse en titularisant Adam Ounas, qui nous a posé beaucoup de problèmes. Djamel Belmadi a tenté un coup de poker, comme le font tous les entraineurs quand leur équipe est dos au mur.
Avec Djamel Belmadi, est-ce que vous vous êtes expliqué avec lui sur la fameuse vidéo reprise par les médias algériens après votre match contre l’Angola ?
Je lui ai transmis un message via des amis en commun en lui disant que mes propos ont été déformés et après la conférence de presse que j’ai animée la veille du match, on s’est croisés dans les couloirs du Stade de la Paix, et je lui ai dit la même chose.
Quelle était sa réaction ?
Il était tranquille, il a zappé ! Je ne peux pas me permettre de dire du mal de Belmadi, un entraineur connu et qui de surcroît a remporté la CAN 2019. Je suis mal placé pour dire du mal de lui. Mais certains médias cherchaient à faire le buzz et ils ont réussi leur coup !
Passons maintenant à l’actualité. Ça vous flatte que les Algériens vous réclament pour entrainer leur sélection nationale ?
Ah oui ! Surtout que l’Algérie est une grande nation de football. Recevoir autant d’éloges de la part des Algériens me fait chaud au cœur. Des amis algériens m’ont contacté pour me sonder si j’étais prêt à prendre leur sélection.
Que leur avez-vous répondu ?
Montrez-moi, un entraineur qui refuse l’Algérie ? Je ne peux être insensible à l’appel d’une grande nation de football telle que l’Algérie. Cependant, je dois préciser qu’à l’heure où je vous parle (hier après-midi), il n’y a eu aucun contact entre l’agence qui me représente et la Fédération algérienne.
Serez-vous ouvert à toutes discussions avec la FAF ?
Je dois préciser que mon contrat avec la Fédération mauritanienne expire le 1er mars prochain. Prochainement, on va se réunir le président Ahmed Yahia pour discuter de la prolongation de contrat. D’après mon agence, elle a été contactée par d’autres pays qui souhaitent me recruter pour entrainer leur sélection. Si la Fédération algérienne me veut, elle n’a qu’à contacter mon agence laquelle après me transmettra mais pour le moment, elle n’a reçu aucun contact de la part de votre fédération.
Le 1er mars, c’est pour bientôt. Au fond de vous-même, avez-vous tranché ou pas encore pour votre avenir ?
J’échange régulièrement avec le président de la Fédération mauritanienne Ahmed Yahia. Il y a une bonne relation entre nous. Néanmoins au jour d’aujourd’hui, je n’ai pris aucune décision. On ne sait jamais ce que l’avenir nous réserve.
Subissez-vous une pression en Mauritanie pour prolonger votre contrat ?
Quand j’étais entraineur des Comores, le président de la République en personne m’a appelé pour me demander de rester mais cela ne m’a pas empêché de quitter la sélection comorienne et de prendre après les destinées techniques de la Mauritanie. C’est pour dire que je prends mes décisions seul sans que personne ne m’influence surtout quand il s’agit de faire un choix concernant mon avenir.
Naguère en Afrique, on confiait la barre technique à des entraineurs européens. Désormais, on assiste à l’émergence de coaches binationaux, comment vous expliquez ce phénomène ?
De nombreux entraineurs binationaux ont eu récemment leur chance pour travailler en Afrique. Je pense à Belmadi, Aliou Cissé, Regragui ou Kaba Diawara avec la Guinée et Eric Chelle qui fait du bon boulot avec la sélection malienne. Les dirigeants africains ont compris qu’il fallait donner la chance aux binationaux. Le résultat est là, ils ont pratiquement tous réussi leur passage. Comme quoi, leur choix a été fructueux.
- S.