«Il n'y a plus de meneur de jeu dans le football moderne. Maintenant, c'est du box-to- box. Ce sont des joueurs qui jouent des 18 mètres aux 18 mètres. Il n'y a plus de meneur de jeu classique à la Zidane et Belloumi. Donnez-moi le meneur de jeu du Real Madrid ? Il n'y en a pas»
Disait, hier dans ces colonnes, l’ancien sélectionneur national Abdelhak Benchikha, à propos d’une question liée au besoin de renforcer les rangs de son équipe par un meneur de jeu. Les propos de Benchikha sont clairs. La plupart des amoureux du football le savent, les 10 à l’ancienne ne courent plus les rues, c’est peut-être cette tentation d’en avoir un qui de surcroît est toujours en train de performer qui a poussé Petkovic à faire appel aux services d’Amir Sayoud. Le pensionnaire du Raed saoudien brille toujours malgré ses 34 ans. Présent dans la liste élargie de l’EN depuis décembre 2023, lorsque Belmadi a ajouté son nom pour faire plaisir au souhait du public de le voir convoqué, mais sans le retenir pour la CAN, cette fois Petkovic a bien voulu franchir le pas. Il faut dire qu’il n’est sûrement pas très tenté par le profil, car durant ces dernières aventures en clubs ou en sélections, il n’a pas eu à coacher un 10 à l’ancienne, il sait qu’en disposer veut dire tout un sacrifice pour le mettre à l’aise et pouvoir tirer le meilleur de son talent et sa technique. Petkovic retient que Sayoud marque des buts et en fait marquer aussi. Une spécificité qui l’a certainement encouragé à aller oser le test, car, tactiquement, le vieux 4-3-3 avec le 10 en pointe de la pyramide n’existe plus, remplacé par un 4-2-3-1 plus flexible, avec beaucoup plus un 2e attaquant derrière l’avant-centre, un élément aux caractéristiques bien différentes du meneur de jeu des années 1980 ou 1990. Sayoud a donc eu beaucoup de chance cette fois, aidé, il faut le dire, par un lobbying opéré par le coach adjoint Nabil Neghiz. Selon des sources vérifiées, l’envie de lui donner sa chance était déjà là en mars, mais l’importance des matches de la CM en juin a retardé l’échéance, c’est donc lors de cette rentrée des classes que le pensionnaire du championnat saoudien va faire ses débuts.
Le staff sait désormais qu’il a entre les mains une bombe à retardement, Sayoud avec ses 34 ans ne viendra pas pour chauffer le banc, il faudra bien lui donner cette chance qu’il a enfin eue presque en fin de carrière, mais dans quel registre Vlad’ va-t-il le lancer ? En coupe arabe 2021 au Qatar, le grand public de l’EN avait découvert comme Amir pouvait être précieux pour l’EN, certes il n’a pas joué comme il le souhaitait, mais il a été à chaque fois décisif. Personne n’oubliera le célèbre but marqué en finale contre la Tunisie, concluant un travail remarquable, avec une balle récupérée plein axe et une frappe en pleine lucarne, un but venu d’ailleurs qui a mis l’EN sur le chemin du sacre, cette action de jeu résume les capacités et le talent du joueur. Il fait partie des rares éléments capables de prendre l’axe du terrain et exploiter les petits espaces pour mettre le désordre dans la défense adverse, mais ce n’est pas tout ce que Sayoud sait faire, car durant sa riche carrière, il a aussi évolué sur les côtés. Son aisance technique lui permet de provoquer quel que soit le sens dans lequel il est orienté, dans des courses latérales ou verticales droit au but. L’absence du virevoltant Belaïli de la sélection, celle de Chaïbi ou encore la méforme de Benrahma pourraient donner des idées à Petkovic pour une place sur le côté gauche, où il n’aura que Gouiri comme concurrent. En résumé, la finesse technique de Sayoud et sa polyvalence qui fait de lui aussi un bon buteur vont lui permettre d’avoir une chance de jouer dès jeudi prochain. Il est fort possible qu’il débute soit derrière Bounedjah ou comme ailier gauche. Reste à savoir si ses débuts tardifs chez les A vont être concluants, surtout dans ce stage de début de saison et au lendemain d’une blessure qui lui a fait perdre un match de championnat.
S.M.A