Il y a quelques jours de cela, Carl Medjani avait donné une interview sur un site arabe qui, d’après le joueur, a complètement déformé ses propos. En effet, dans l’entretien qu’il nous a accordé hier après-midi, Medjani a affirmé que l’EN n’est pas favorite pour cette CAN mais juste un outsider. L’ancien capitaine des Verts estime aussi que cette CAN sera un vrai test pour l’équipe de Djamel Belmadi qui est en totale reconstruction ces huit derniers mois. Entretien.
D’abord comment se passe le Ramadhan pour vous en Arabie Saoudite ?
Et bien le Ramadhan se passe très bien, Dieu merci. C’est vrai que c’est différent de ce que j’ai pu connaître en Europe, mais ça se rapproche beaucoup de ce que j’ai pu vivre lors des stages avec l’équipe nationale, parce qu’on s’entraîne le soir à 23h et du coup ça nous permet de bien vivre nos journées lors de ce mois sacré. Donc franchement je suis très content et ça se passe dans une ambiance très conviviale à Médine, où il y a beaucoup de partage et beaucoup d’entraide et c’est vraiment agréable de pouvoir passer ce mois de Ramadhan ici en Arabie Saoudite.
C’est vraiment la première fois que vous vivez ce mois de Ramadhan en dehors de l’Europe ?
Oui, c’est la première fois que je le vis dans un club dans un pays arabe. Mais comme je viens de vous le préciser, j’ai eu à partager ce mois en équipe nationale lors de nos stages de préparation, donc ça ne me change pas vraiment de ce que j’ai pu vivre à Alger avec mes coéquipiers. En plus souvent avec Raïs Mbolhi on partait après les stages dans des pays arabes pour justement vivre ce mois de Ramadhan. Donc je ne suis pas surpris de ce que je vois mais très content de pouvoir le vivre aussi.
Quel bilan faites-vous de votre saison cette année en Arabie Saoudite ?
On peut faire deux bilans : Le premier collectif et le second un peu plus personnel. Moi j’ai signé dans ce club d’Ouhoud au mois de janvier au moment où l’équipe était dernière. On savait qu’elle avait peu de chances de pouvoir rester en première division, mais j’ai essayé de relever le challenge. Donc collectivement, ça ne s’est pas très bien passé parce qu’on n’a pas réussi à sauver l’équipe de la relégation. Mais sur le plan personnel, mon objectif était de venir ici pour mettre un pied dans le championnat saoudien et un pied dans le Golf et d’essayer de se montrer, et à ce niveau-là et par rapport aux matchs que j’ai pu faire, j’ai quand même montré de bonnes aptitudes et de ce fait je suis plutôt satisfait de ce que j’ai pu faire.
On va parler un eu de l’EN. Que pensez-vous du tirage au sort et le groupe des Verts lors de la prochaine CAN ?
Ce n’est pas un tirage simple même s’il est nettement réalisable quant aux objectifs de notre équipe nationale. Mais encore une fois, ça ne sera pas simple, parce qu’aujourd’hui il y a une équipe qui a créé la surprise et qu’on connaît peu, qui est le Kenya. La Tanzanie, on les a déjà affrontés plusieurs fois et on sait que c’est une belle équipe. La preuve c’est qu’on avait eu beaucoup de difficultés à les jouer, notamment chez eux. Et puis il y a le Sénégal qui n’est plus à présenter. C’est une équipe que nous avons déjà rencontré plusieurs fois mais qu’aujourd’hui est arrivée à maturité, et qui, à mon sens, est un des favoris de cette coupe d’Afrique. Donc c’est un groupe quand même relevé mais notre équipe a toutes les armes en main pour pouvoir bien y figurer et se qualifier pour le prochain tour. Maintenant tout résidera dans la préparation et dans l’élaboration des détails qui fera que l’EN passera ce premier tour sans embûches incha Allah.
Quelles sont à votre avis les chances des Verts lors de cette CAN ?
Avec l’expérience que j’ai pu emmagasiner lors de ces huit années avec les Verts, et sur une compétition comme la coupe d’Afrique, et même s’il y a des leaders qui se détachent, il peut y avoir des surprises. Et aujourd’hui il y a 5 ou 6 équipes qui sont prétendantes au sacre. Maintenant j’ai l’idée que l’équipe nationale est un gros outsider mais pas favorite. Il ne faut pas oublier que lors de la dernière coupe d’Afrique des nations on n’a pas réussi à passer le premier tour avec deux années difficiles. Cette EN est dans un nouveau cycle depuis l’arrivée de Djamel Belmadi depuis huit mois. Il y a un renouveau dans cette équipe. Cette dernière a réussi à se qualifier brillement lors des qualifications, et qu’aujourd’hui ça va être une espèce de test de voir comment l’équipe va se comporter…
Mais les individualités existent ?
Oui, on a une équipe très forte avec des individualités qui reviennent bien au niveau de leurs clubs et qui sont en forme pour tirer l’EN vers le haut. On a aussi un groupe homogène qui a retrouvé un bel état d’esprit, et j’espère qu’il ira le plus loin possible. Mais dire que nous sommes favoris pour le sacre, je n’irai pas jusqu’ici mais j’ai de bons espoirs, et je préfère cette position d’outsider et que mes coéquipiers montrent sur le terrain qu’ils méritent de pouvoir l’emporter et j’ai totalement confiance en eux.
Il y a aussi cette guigne de blessures, notamment pour le compartiment du milieu de terrain ?
C’est vrai qu’il y a beaucoup de blessures qui sont arrivées au mauvais moment. Maintenant l’effectif de l’équipe nationale ce n’est pas seulement 23 joueurs, et je sais que le coach et son staff auront des solutions de rechange, et ça sera aux joueurs qui seront convoqués d’assumer leurs statuts et qu’ils devront saisir leurs chances pour pouvoir briller lors de cette CAN.
Un mot sur la saison extraordinaire de Youcef Atal ?
Nous sommes tous très contents de ce que réalise Youcef Atal. Aujourd’hui un grand nombre de projecteurs sont braqués sur lui, et on est très fiers qu’il rende le peuple heureux et qui porte haut le drapeau algérien à travers les terrains de Ligue 1. Il a fait une grande saison, mais ce n’est pas fini, car il a mis les pieds dans le haut niveau et à présent il va être attendu chaque week-end que ce soit en Europe ou en Afrique parce qu’aujourd’hui tout le monde connaît Atal. Donc il va devoir confirmer match après match et saison après saison pour pouvoir aller encore plus loin. C’est un jeune, il n’a que 21 ans et il a beaucoup à apprendre, mais il a tout le bagage pour pouvoir devenir un très grand joueur avec l’aide de tous ses coéquipiers et tout son entourage.
Il y a aussi Sofiane Feghouli qui revient en force en cette fin de saison ?
Franchement très content pour Sofiane Feghouli qui revient bien après un début de saison un peu compliqué à Galatasaray, où il avait eu quelques divergences avec les dirigeants et le coach. Aujourd’hui, il est en train de répondre de la plus belle des manières car c’est le meilleur joueur de Galatasaray sur la saison. Il est en train de porter l’équipe à lui seul vers un deuxième titre consécutif, et donc je suis très content pour lui surtout que ça vient valider les différents échanges qu’on a pu avoir ensemble avant qu’il ne signe dans ce club, car il m’avait appelé pour me demander conseil sur le championnat et la manière de vivre et fonctionner en Turquie. Et c’est très bien aussi pour l’équipe nationale car il va arriver plein de confiance et en pleine forme et pour porter l’EN vers le meilleur.
Le fait de revenir jouer en Egypte 10 ans après, posera-t-il problème à votre avis ?
Le fait de jouer cette CAN en Egypte, je ne pense pas qu’il y aura des incidences par rapport à ce qui s’était passé il y a 10 ans. Certes, ces faits ont été marquants, mais ils ont été aussi bénéfiques pour l’équipe nationale parce qu’il y a eu le succès qu’on le connaît derrière ça. Maintenant tout ça c’est un peu derrière nous avec un contexte différent et une organisation différente lors de cette CAN. Il y aura aussi un système de sécurité qui sera certainement mis en place par la CAF pour que tout se passe bien. Je ne suis pas forcément inquiet par rapport à cela.
Pensez-vous qu’il y aura des surprises dans la liste des 23 de Belmadi ?
Seul Djamel Belmadi peut le savoir. Personellement je n’ai aucune idée la dessus. Le coach est une personne assez intelligente avec assez d’expérience en tant que joueur et coach pour pouvoir faire la plus belle liste possible dans l’unique but d’emmener l’équipe nationale le plus loin possible dans cette compétition. Après il faut savoir qu’une liste de 23 dans un tournoi pareil, ce n’est pas forcément les meilleurs joueurs qui sont convoqués, car c’est surtout les meilleurs éléments qui vont former le meilleur groupe et c’est important de la rappeler aux supporters.
Un dernier mot ?
J’adresse un grand salut à tous les Algériens et je leur souhaite un bon Ramadhan. Beaucoup de courage dans la situation actuelle du pays et qu’on profite de ce mois sacré pour être en paix et pour partager toutes les bonnes choses. Et enfin je souhaite vraiment et du plus profond de mon cœur à l’équipe nationale, à tout son staff, et à toute la fédération beaucoup de réussite pour cette CAN et je serai leur premier supporter. En tout cas, je suis très fier d’avoir fait partie pendant 8 ans de cette belle sélection.
Asma H. A.