Adel Amrouche : «J’ai peur d’éclater en sanglots en écoutant Kassaman»

 

L’Algérie affronte, ce soir, le Botswana que dirige notre compatriote Adel Amrouche, l’ancien coach de l’USM Alger et du MC Alger. Un match très particulier pour ce fils de Moudjahid, qui va craquer à l’écoute de l’hymne national…

 

Quel sentiment vous anime au moment où vous vous apprêtez à jouer contre votre pays ?

Je prépare un match comme tous les autres. On n’a pas les mêmes objectifs. Eux, ils ont une grande équipe alors que moi, je n’ai quasiment aucun joueur professionnel dans mon groupe. En fait, j’ai un seul élément qui opère à l’étranger, il évolue à Malte, en seconde division. Je suis en train de reconstruire l’équipe, je ne suis pas dans le même processus que celui de l’Algérie.

 

Il n’y a pas longtemps, vous étiez dans la rue fêtant le sacre de l’Algérie en Egypte…

C’est vrai. Sincèrement, j’ai toujours essayé d’éviter cette situation. Par deux fois j’allais prendre la sélection de la Tanzanie, mais comme elle allait affronter l’Algérie, j’ai dit décliné l’offre. Pareil avec le Bénin. Cette fois, j’avais déjà signé mon contrat avec le Botswana, c’était donc trop tard. Je vais donc devoir affronter une situation délicate. Il est clair que lorsqu’on diffusera Kassaman, ça me posera un problème. Je vais essayer de me contenir autant que je pourrais. Je n’ai jamais pensé qu’un jour je jouerai contre mon propre pays.

 

Vous aurez la chair de plus ou plus ?

J’ai peur d’éclater en sanglots. Dans ma famille, il y a plein d’anciens révolutionnaires. Mon père est un ancien moudjahid. Quand je me rappelle que le grand-père d’Adlène Guedioura était en prison avec mon père, à Serkadji, cela m’interpelle. Lui, il va représenter un pays que son grand-père a défendu alors que moi, je serai de l’autre côté. Naturellement, il y a quelque chose qui me dérange.

 

Mais votre professionnalisme finira par l’emporter ?

Voilà, c’est ce que je me dis. J’espère que tout se passera au mieux. Il y a aussi un fait sur lequel je veux revenir.

 

Lequel ?

Les gens m’ont récemment vu accorder une interview en portant le maillot de l’USM Alger, c’est juste un message de soutien à mon équipe de cœur. J’ai peur que ce club disparaisse comme cela a été le cas du RC Kouba. Donc, c’est une coïncidence, rien de plus. Je suis l’entraîneur en chef du Botswana, personne ne me dicte ce que je dois faire. J’avais même l’idée de porter le maillot usmiste le jour du match, après je me suis ravisé estimant que ce n’était pas bon pour l’image de mon pays.

 

Pour vous, le match a commencé sur les réseaux sociaux, notamment sur Twitter où vous avez répondu à certains fans des Verts…

J’essaye de minimiser les choses en expliquant que je suis avant tout un Algérien et qu’on doit soutenir ses compatriotes où qu’ils se trouvent. Je dois dire que pas mal de personnes ont été sensibles au geste que j’ai eu à l’égard des supporters algériens qui ont eu des soucis pour rentrer au Botswana. Les gens me respectent dans ce pays et on a vite accédé à ma demande. J’ai eu un autre geste en direction de mon pays.

 

Peut-on savoir lequel ?

J’allais faire jouer ce match loin de l’endroit qui a été retenu finalement et sur une pelouse en très mauvais état, ce qui aurait considérablement gêné l’évolution des éléments techniques algériens, un peu comme on a coutume de le faire sur le continent. Après, je me suis dit que je ne peux quand même pas faire ça à la sélection de mon pays. J’avoue que j’ai eu peur que les joueurs se blessent. J’ai été fair-play et j’ai agi noblement pour mon pays. Cela n’est pas évident en Afrique où chacun y va de sa petite astuce pour perturber l’adversaire, de bonne guerre.

 

L’Algérie a atomisé la Zambie (5-0), le Botswana a arraché un nul (0-0) méritoire au Zimbabwe, à quoi faut-il s’attendre sur le terrain ?

Il est clair qu’on ne boxe pas dans la même catégorie. Moi, je construis une équipe alors que l’Algérie est déjà performante. En Afrique, tout le monde sait qu’on me dénomme l’architecte et le Botswana a fait appel à moi justement dans la perspective de bâtir une équipe. Je suis donc là pour faire un boulot honorable, cela devrait ravir les Algériens qui voient l’un des leurs diriger sa cinquième sélection africaine.

 

Ambitionnez-vous de gagner le match ?

Je n’ai pas donné comme consigne à mes joueurs de battre l’Algérie, une équipe mondialiste et championne d’Afrique en titre. Nous n’avons pas les mêmes statuts. J’ai mon propre projet qui consiste à construire une équipe, je me concentre là-dessus.

  1. D.

 

 

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