En faisant 2-2 au Zimbabwe, l’Algérie a assuré sa qualif à la prochaine CAN, avec en prime un but splendide de Mahrez. Nordine Kourichi, l’ancien sélectionneur national adjoint, refait le match et revient sur le chef-d’œuvre de Riyad.

Au terme du match au Zimbabwe, on retient que l’Algérie s’est qualifiée à la CAN 2021 mais qu’elle a été moins brillante que d’habitude. Etes-vous d’accord ?

Oui, mais je vais dire pourquoi. En fait, c’est parce qu’il n’est jamais facile d’aller gagner en Afrique. Les conditions climatiques ne sont pas les mêmes qu’en Europe, en Algérie aussi. Quand on joue sur une belle pelouse et trois jours après sur un champ de patates, c’est difficile. Et puis il faut souligner le fait que l’équipe d’Algérie est une formation qui évolue maintenant vraiment à l’européenne et elle l’a fait contre un adversaire qui a gardé son identité africaine, avec beaucoup d’agressivité, de duels, de jeux longs et de fautes. Aussi, l’arbitrage n’a jamais été en notre faveur, on nous a toujours jalousés.

Ne pensez-vous pas que les Verts ont quelque peu souffert face au Zimbabwe, même au match aller au 5-Juillet ?

Mais c’est parce que nous avons désormais en face des équipes qui étudient notre jeu et essaient de mettre des dispositifs pour annihiler notre façon de jouer. On est l’équipe à battre.

L’Algérie a pris 3 buts en 2 matches face au Zimbabwe, son bloc équipe n’a pas été performant et le pressing haut a été moins présent. A 10 sur le terrain contre le Mexique, on avait fait mille fois mieux…

Il ne faut pas oublier qu’à l’heure actuelle nous vivons une période difficile, il y a le souci sanitaire qui a fait que les joueurs sont restés à l’arrêt pendant un moment. Il y a des joueurs qui sont un peu fatigués, cela est tout à fait compréhensible. Mais à l’arrivée, le principal est là. Cessons d’être trop critiques. Je pense que l’Algérie est sur le bon chemin et, comme je l’ai dit à maintes reprises, c’est toujours difficile de rester en haut de l’affiche. Bien qu’on ait réalisé un match moyen, le principal était la qualif, c’est fait et dans des conditions difficiles.

Maintenant on peut se consacrer aux éliminatoires de la Coupe du monde…

Evidemment, on est sur la bonne voie. Djamel Belmadi a réussi à mettre en place une philosophie de jeu, un état d’esprit, une mentalité et un choix tactique qui est conforme aux qualités techniques de chaque joueur.

On ne va pas omettre de parler du but de Mahrez à Harare. Pour la presse espagnole, il mérite de figurer parmi les 10 présélectionnés pour le prix Puskás de la FIFA récompensant le plus beau but de la saison. Etes-vous de cet avis ?

Ce qu’il a fait est juste magnifique : aile de pigeon, crochet et but du pied droit. L’aile de pigeon n’est pas toujours facile à réaliser en course, il en a fait aussi un contrôle orienté qui lui a permis de bien emmener son ballon, d’enchaîner avec une feinte de tir suivie d’un crochet, le défenseur partant d’un côté et Riyad de l’autre, c’est vraiment magnifique. Il serait tombé sur moi, je ne pense pas qu’il aurait pu faire ça. Savez-vous pourquoi ?

Dites-le nous…

Il aurait été opéré des deux genoux (rire) ! Non, sérieux, Mahrez mérite vraiment le prix Puskás de la FIFA. Vous savez, la technique se joue avec la tête, les pieds n’en sont que des outils. Ce n’est pas quelque chose de basique qu’on apprend par A+B, c’est de l’intelligence. Ce qu’a fait Mahrez, c’est tout en rapport avec la situation du défenseur, c’est de la vision, de la technique, de l’anticipation. Bref, le top !

1. D.