Les Kabyles ont passé une nuit blanche hier, pas pour fêter la victoire de la JSK qui venait de remporter la coupe de la Ligue et se qualifier pour une compétition africaine, non ! Mais pour combattre les flammes et tenter de sauver leurs vies, la vie de leurs enfants et parents, pour les plus chanceux, leurs maisons et leurs bétails.
Difficile d’imaginer ce que ressentaient les joueurs de la JSK lors de cette finale. Maintenue par la FAF et la LFP malgré la catastrophe qui frappait la Kabylie de plein fouet et le nombre de morts qui ne cessait de grimper, les joueurs, ceux de la JSK particulièrement, n’avaient aucune envie de jouer au football. Comment ils pourraient l’être quand les leurs se battent en même temps pour leur vie contre un adversaire invisible. Mais le match a quand même eu lieu et la JSK a fini vainqueur. On aimerait dire que cette victoire pourrait, peut-être, panser les blessures des victimes, mais ce serait un mensonge, un ignoble mensonge, un manque de respect pour ces braves gens qui pour certains ont tout perdu. La réalité, c’est que cette coupe n’a aucune saveur, c’est la coupe de la douleur. Ce match, quel que soit son enjeu, n’aurait jamais dû se jouer. Les joueurs eux-mêmes ne voulaient pas y participer.
La JSK aurait dû refuser de jouer
La décision des dirigeants de la JSK de prendre part à cette finale est moralement inacceptable. Aucun argument ne pourrait la justifier, même pas la coupe ! Comment, pourquoi avec quel moral on pourrait jouer au foot quand des dizaines de tes frères et sœurs meurent suffoqués ou brûlés vifs ? C’est incompréhensif, irresponsable et immoral. La JSK aurait dû refuser de jouer et accepter à ce qu’un tirage au sort soit effectué pour désigner le vainqueur. Magra n’aurait pas dit non, idem pour la FAF. Un dirigeant auquel nous avons demandé pourquoi cette décision nous a expliqué sans conviction aucun «que la direction a décidé de jouer en mémoire aux victimes et pour apporter de la joie aux Kabyles en ces moments de douleur comme ce fut le cas en 2001, 2002, et 2003… » Surpris, on a remercié notre interlocuteur et commencé à rédiger cet article et partager avec nos lecteurs notre ressenti qu’on sait être partagé par beaucoup, sinon la majorité de nos concitoyens.