Sollicité par tous les présidents qui se sont succédé ces dernières années à la tête du club, Moussa Saïb a été contacté officiellement par la direction actuelle, mais en raison de ses obligations familiales, il a été encore une fois contraint de décliner poliment la proposition qui lui a été faite par le président Achour Cheloul.
"C'est vrai qu'on m'a relancé mais il est impossible que je vienne maintenant et cela pour des raisons familiales", nous a déclaré Saïd dans la soirée d'avant-hier. Jouissant d'une grande estime chez les supporters, tous les présidents qui se sont succédé à la tête du club ces dernières années veulent l'avoir à ses côtés. Mais comme il n'est pas un opportuniste et qu'il ne court pas derrière un salaire, Saïb n'acceptera jamais de travailler dans le flou et cela quel que soit le salaire qui lui sera offert. Il est l'un des rares joueurs à évoluer au haut niveau, et contrairement à certains qui s'accrochent coûte que coûte à leurs postes malgré leur échec, Saïb ne court pas derrière l'argent, alors qu'il avait beaucoup donné à la JSK.
"Si on aime la JSK, on céderait 6 mensualités aux jeunes"
L'ancien meilleur passeur du championnat français avec lequel on a eu une longue conversation dans la soirée d'avant-hier nous a confié que s'il avait été un employé dans le club, il aurait proposé à tous les autres employés qui touchent de gros salaires de céder 6 de leurs mensualités aux jeunes catégories. "Je ne vous cache pas que si j'étais au club, je proposerais à tous les employés du club, qui ne cessent de dire qu'on aime la JSK, d'offrir 6 de leurs mensualités aux jeunes catégories. Lorsqu'on aime la JSK, on ne devrait pas hésiter à le faire", estime Saïb. Il faut dire que certains anciens joueurs et non pas tous ne cessent de dire que ce sont des enfants du club et n'hésitent pas à traiter tous ceux qui remettent en cause d'ennemis de la JSK, alors qu'eux sont gracieusement rémunérés et refusent de démissionner malgré leur échec.
"J'avais demandé au défunt Hannachi de fixer lui-même mon salaire lorsque j'étais revenu pour jouer"
Contrairement à certains anciens joueurs qui ne cherchent que leurs intérêts surtout avec les gros moyens mis à la disposition du club par Mobilis, Saïb n'avait jamais exercé le moindre chantage que ce soit lorsqu'il était joueur ou entraîneur. Voulant confirmer si effectivement il n'avait pas négocié son retour à la JSK, Saïb révèle : "Lorsque j'avais décidé de rentrer au pays, je ne voulais jouer que pour la JSK. Et le défunt Hannachi, Allah Yarahmou, m'avait demandé qu'elles étaient mes exigences financières, je lui avais répliqué que s'il me payait selon ma valeur sur le marché, il lui serait très difficile, voire impossible, de le faire et c'est pour cela que je lui avais dit de fixer lui-même mon salaire et cela selon les moyens dont disposait le club à l'équipe. Lorsqu'on aime un club, on fait des concessions et on ne court pas uniquement derrière les salaires comme certains le font."
"Ni coupe ni championnat, la JSK a déjà raté sa saison"
Après l'élimination en coupe d'Algérie et la défaite concédée à domicile devant l'ESS, l'ancien patron des Jaune et Vert et de l'équipe nationale avoue que la JSK a d'ores et déjà raté sa saison. Il n'a pas vraiment tort, puisqu'il faudra un miracle pour que les équipiers de Boualia reviennent dans la course au titre. "A mon avis, la JSK accuse un énorme retard sur le MCA qui caracole en tête du classement. Il lui sera impossible de revenir dans la course au titre. L'équipe s'est déjà fait éliminer de la coupe d'Algérie et n'a aucune chance pour jouer le titre, elle a donc raté sa saison. Même pour le deuxième ou la troisième, ça va être très difficile par rapport à tout ce qu'on a vu jusqu'à maintenant", estime Saïb.
"L'espoir s'était vite évaporé avec un recrutement de seconde zone"
Comme tous les supporters, Saïb s'attendait à ce que la JSK joue les premiers rôles cette saison au vu des moyens considérables mis à la disposition du club par Mobilis. Toutefois, il n'avait pas tardé à déchanter avec le recrutement catastrophique réalisé à l'intersaison. "C'est vrai qu'on avait de l'espoir, mais il s'était vite évaporé avec le recrutement de seconde zone réalisé à l'intersaison", a-t-il expliqué. Le recrutement d'intersaison suscite toujours des interrogations en raison des milliards déboursés sur des joueurs qui n'ont pas le niveau pour porter le maillot des Jaune et Vert.
"Lorsqu'on libère des joueurs quelques mois après leur arrivée, cela veut dire qu'on s'est trompé"
Refusant de voir la réalité en face, les dirigeants croient qu'ils sont sur la bonne voie, alors qu'ils mènent le club tout droit à la dérive. Sur les recrues estivales, Saïb a répondu avec beaucoup de diplomatie. "Vous savez, lorsqu'on libère des joueurs quelques mois seulement après leur venue, cela veut dire qu'on s'est trompé sur eux. La JSK avait recruté plusieurs joueurs mais la plupart d'entre eux n'ont pas apporté le plus attendu d’eux.»
"Une vraie énigme"
Saïb auquel nous avons demandé pourquoi un club qui dispose de gros moyens comme la JSK et qui a déboursé des milliards et des milliards dans le recrutement réalise un parcours aussi catastrophique avoue que lui même est dans l'incapacité de fournir la moindre explication. "Les moyens sont là mais les résultats, c'est une vraie énigme", s'est étonné l'ancien Auxerrois.
"L'instabilité n'est pas faite pour arranger les choses"
En plus des joueurs limités recrutés à coup de centaines de millions de centimes, les dirigeants s'étaient trompés sur le choix des entraîneurs. Ils avaient d'abord prolongé Bouzidi tout en décidant de le limoger à la moindre défaite et c'est ce qu'ils avaient fait après la défaite face à l'USMK. Ils avaient recruté à sa place Almeida, mais celui-ci n'avait tenu que quelques matchs avant d'être renvoyé à son tour. A ce propos, Saïb dira : "Cette instabilité à tous les niveaux n'est pas faite pour arranger les choses. Vous savez, chaque entraîneur a sa méthode de travail et un joueur peut entrer dans les plans d'un entraîneur et pas avec un autre. Deux entraîneurs ont été limogés avant qu'Azzedine qui était au poste de DTS ne soit appelé pour coacher l'équipe."
"Il faut préparer la saison prochaine dès maintenant"
Estimant que la JSK a déjà raté sa saison, Saïb croit que pour espérer faire la saison prochaine, il faudra dès maintenant commencer à bâtir une équipe compétitive capable de jouer les premiers rôles. "Il faut préparer la saison proche dès maintenant. Il ne faut surtout pas refaire les erreurs qui ont été commises depuis l'intersaison. Il n'y a pas de place au hasard", confie Saïb.
"Un DTS ou un manager avec carte blanche pour bâtir une nouvelle équipe"
Saïb croit que la direction ne devra pas attendre la fin de la saison pour nommer dès maintenant un responsable de la section ou un DTS ou un manager général et cela pour lui permettre de suivre les joueurs à recruter et de voir de plus près la valeur de l'effectif actuel. Pour lui, ça serait une erreur d'attendre la fin du championnat pour entamer la saison à venir. "Il faut que la direction désigne dès maintenant quelqu'un que vous appelez comme vous voulez un responsable de la section ou un DTS ou un manager pour préparer les saison à venir. Il doit avoir carte blanche et c'est lui qui devra recruter sans que personne ne lui chuchote à l'oreille pour ramener X ou Y. Il doit avoir le pouvoir décisionnel pour donner un coup de pied dans la fourmilière. Il ne faut surtout pas refaire les mêmes erreurs si on veut aller loin", a indiqué celui qui avait offert à la JSK son dernier titre de champion d'Algérie. Au lieu de chercher à l'avoir même comme conseiller, les dirigeants de la JSK veulent utiliser son nom comme ils l'ont fait avec d'autres avant de les jeter.
- Boumali