Fidèle à lui-même le sélectionneur national, Djamel Belmadi, n’a pas peur des mots. Après avoir présenté ses condoléances aux victimes des incendies de Kabylie, ainsi qu’à la famille Bensmaïn dont le fils Djamel était victime d’un acte horrible, il a évoqué longuement l’état des pelouses en Algérie. Faisant juste de simples constats, il déplore l’état lamentable des terrains tout en regrettant la manque de professionnalisme de la part des responsables concernés. Au lieu de parler football, le coach s’est retrouvé en train de se plaindre de l’état des stades d’un grand pays dont la sélection est tout de même la championne d’Afrique en titre. Malheureusement on ne peut pas mettre un Belmadi derrière chaque responsable et cela n’est pas valable uniquement pour le football.
Oser et avoir le courage de dire les choses et ne pas caresser les responsables dans le sens du poil est une vertu de plus en plus rare de nos jours. Le seul intérêt de Djamel Belmadi est faire de la sélection nationale une équipe de classe mondiale et il est en train d’y parvenir avec brio. Si seulement il était suivi dans sa vision et son dévouement «La pelouse est un chapitre qui va prendre un peu de temps. J’ai l’impression d’avoir discuté de la problématique Tchaker depuis mon arrivée en 2018 jusqu’à aujourd’hui et pas beaucoup de choses ont changées. Si ça change, ça change le temps d’un match et il n’y a jamais eu de constance dans l’entretien que nécessite un stade qui reçoit l’EN. Le mois de juin dernier nous avions eu une pelouse de bonne qualité, nous avions travaillé avec les responsables de l’entretien, et après avoir laissé longtemps laissé cette pelouse tranquillet et l’avoir changé nous avons eu un résultat satisfaisant. Nous avons donc décidé d’élire domicile à Tchaker pour jouer les éliminatoires de la Coupe du Monde. Des travaux ont été effectués pour être aux normes de la FIFA. Comme par magie, cette fin août, on retrouve une pelouse dans un état calamiteux. Je suis allé voir et je suis resté 15 secondes pour voir la pelouse avant de partir. C’est une catastrophe, pour moi c’est du sabotage. Qu’on ne vienne pas me raconter des histoires de climat, je vis dans un pays (Qatar) où il fait 60° avec une trentaine de pelouses et même des clubs de 2ème division qui possèdent de belles pelouses. Nous avons même vu l’EN A’ de Bougherra jouer dans un petit stade avec une pelouse parfaite. Nous malheureusement on ne veut pas que notre équipe nationale ait un terrain digne de ce nom, comme nous avons pu l’avoir au mois de juin.»
«Je constate juste des faits»
«Qu’es ce qu’il y a derrière tout ça ? Je ne suis pas complotiste, moi je constate juste des faits. Quand j’entends une personne chargée de l’entretien dire à une personne de la fédération il a quelques jours ‘’je sais que je vais jeter un pavé dans la marre mais je le dis quand même’’ Le chargé d’entretien dit qu’on ne lui a pas signé la convention d’entretien du terrain. Qui signe la convention en question ? Apparemment c’est la Wilaya, mais ce n’est pas moi qui sait qui fait quoi, je répète juste ce qui a été dit. Et puisque cette convention n’a pas été signée, il a décidé de laisser le terrain à l’abandon et qu’on allait réagir vivement et qu’il aura suffisamment de temps pour la remettre en état. Autrement dit c’est jouer avec le feu mais au-delà de ça et du terrain, c’est la sécurité des joueurs qui est en jeu. Donc que cette personne dise qu’elle laisse le terrain se détériorer pour qu’on réagisse et que quand tout le monde va crier à l’urgence on va l’appeler en super héros ‘’en salopette’’ c’est comme ça qu’il est vêtu.»
«Je suis aujourd’hui lassé, dépité, je contiens ma colère»
«Quand je suis allé voir le terrain il y a quatre jours, je vois un comité de 10 personnes qui m’attend. Très bien habillés et je vais dire sadiques. Ils attendent quoi ? Que je regarde la pelouse et que je leur fasse un grand sourire pour leur dire : Ce n’est pas très bon les gars, la prochaine fois tachez de faire mieux ? Non ! Je suis resté 15 secondes, évidement je ne les ai pas salués et je suis reparti. Mais ces 10 responsables pourquoi elles n’étaient pas là tous les jours ? Ils savent très bien qu’il y a un match de qualification à la Coupe du Monde qui arrive, c’est prévu depuis déjà 6 mois. Je pense qu’ils veulent que j’aille m’installer vivre à Tchaker pour vérifier chaque jour s’ils travaillent. Pour moi c’est les faits qui parlent, il n’y a pas d’amour mais des preuves d’amour. Comment on peut laisser le terrain comme ça ? Et si demain l’EN réalise les bons résultats souhaités, ils vont aller parader avec tout le monde, vous ne nous avez pas aidés, vous avez aidé le Djibouti de laisser le terrain dans cet état. Moi je suis aujourd’hui lassé, dépité, je contiens ma colère que ça ne va pas arranger les choses. Il y a un match à jouer, évidement on ne va pas chercher d’excuses, même si c’est une sacré excuse, chacun doit prendre ses responsabilités, je ne sais pas comment ces gens réfléchissent, surtout qu’ils ont œuvrés pour qu’on joue à Tchaker, résultat final à 3 jours d’un match de qualification de la Coupe du Monde, ils abandonnent tout et pire que ça puisque je suis de l’avis de ceux qui disent que c’est du sabotage. Ce n’est pas à cause des conditions climatiques et ce n’est pas à cause des champignons que nous n’avons que chez nous visiblement. Nous on ne les mange pas les champignons on les voit seulement dans les terrains pourris. Aucun pays au monde n’a cette histoire de champignons, il n’y a que chez nous qu’ils poussent.»
«Je ne vais pas jouer dans un stade où on fait des barbecue»
La baraka ramenée au stade d’Oran grâce au saint barbecue ne semble pas avoir son effet sur Belmadi, qui ne semble pas avoir été touché par la grâce des merguez «On aurait dû demander à être délocalisés, mais il n’y pas de terrain. Certains malins m’ont dit qu’il y a le terrain d’Oran. Déjà première des choses je ne joue pas sur des terrains sur lesquels ont fait des barbecues. Deuxièmement je ne sais pas si c’est dû au barbecue ou si c’est à cause du climat le terrain est pire que Tchaker, alors qu’on ne me raconte pas de bêtises. Au 5 juillet on est à 55 matches cette saison et le terrain est dans un état déplorable. Il n’y a pas de terrain en Algérie, c’est un fait. Celui qui n’est pas content n’a qu’à aller voir de ses propres yeux.»