Lotfi Madjer, le fils de Rabah Madjer, la légende du football algérien, a opté pour la sélection nationale du Qatar. L’ancien capitaine des Verts a accordé un entretien à afrik-foot.com dans lequel il a expliqué le choix de Madjer Jr. Ce n’est pas faute d’avoir tout tenté pour que ce dernier porte le maillot vert, étaye Rabah Madjer. Son propos ne manque pas d’arguments.
«Il avait 8 mois quand nous sommes allés à Doha»
«Il faut savoir que nous vivons au Qatar depuis de longues années. Lorsque nous sommes arrivés à Doha, Lotfi n’avait que 8 mois. C’était un bébé. Il a grandi, étudié et commencé à jouer au football au Qatar au sein d’Al-Duhail Sport Club, plus connu comme Lekhwiya SC, avec lequel il joue encore aujourd’hui. Il a fait toute sa scolarité au Qatar, du primaire à l’université. Il a été sélectionné pour intégrer l’Académie Aspire qui regroupe les jeunes talents prometteurs au Qatar. Puis, à mon retour en Algérie, il a intégré l’Académie du Paradou FC pour poursuivre sa formation. Il se débrouillait pas mal. Il marquait beaucoup de buts et montrait beaucoup de sérieux aux entraînements. Il a donc joué au PAC le temps qu’on était en Algérie, avant de retourner à son club au Qatar», a expliqué l’ancien joueur du FC Porto.
«J’en ai parlé au sélectionneur des jeunes, on a attendu vainement»
Rabah Madjer est ensuite revenu sur les circonstances qui ont éloigné son fils de la sélection algérienne : «Lorsqu’il était au Paradou, Lotfi avait 18 ans et moi, je venais de reprendre en main l’équipe nationale. Il faut que les gens sachent que, en 2019, en ma qualité de sélectionneur national en chef et certainement pas en tant que père de Lotfi, j’avais parlé avec le sélectionneur des jeunes et je lui avais dit de le sélectionner au prochain stage, avant qu'il ne soit trop tard et pour lui permettre de grandir avec les jeunes de son âge avec le maillot des Verts. Mais, il n’a jamais été question de le lui imposer. Je n’ai jamais fait cela ni pour moi ni pour mes fils. Je l’avais fait pour l’intérêt de l’équipe nationale, comme je l’aurais fait avec n’importe quel joueur qui a du talent que je pense être capable de donner un plus dans le futur. J’ai agi en tant qu’entraîneur, rien de plus, même si je peux comprendre la difficulté du fait qu’il s’agissait de mon propre fils. Ce n’est pas parce que c’est mon fils qu’on doit l’écarter de la sélection, alors qu’il a des qualités pour jouer en équipe nationale. Le sélectionneur des jeunes m’a dit « OK, inch’Allah. » Par la suite, on a attendu vainement sa sélection…»
«Que pouvait-il faire ? Se sélectionner lui-même !»
«Après avoir discuté avec cet entraîneur, je me suis dirigé vers mon bureau et sur mon chemin, j’ai croisé un haut responsable de la FAF à qui j’ai relaté l’échange avec le coach des jeunes. Il m’a dit également « inch’Allah». Je pensais que tout était OK pour qu’on le sélectionne au prochain regroupement de sa catégorie. Juste après, c’était le début de mes problèmes au sein de l’équipe nationale et tout le monde s’était retiré. Depuis, plus aucun entraîneur des jeunes n’avait pensé à sélectionner mon fils Lotfi à ce jour. Il n’a jamais été contacté pour le moindre stage des jeunes. Ils ont fait appel à tous les joueurs évoluant à l’étranger, sauf Lotfi. Que pouvait-il faire ? Se sélectionner lui-même ! C’est facile de vouloir lui faire porter la responsabilité aujourd’hui qu’il a répondu à la sélection du Qatar, qu’il considère comme son deuxième pays. Je ne suis pas d’accord parce que c’est injuste.»
«Lotfi adore l’Algérie et restera toujours fier d’être Algérien»
«Lotfi adore l’Algérie et restera toujours fier d’être Algérien. Personne ne peut apprendre à la famille Madjer ce qu’est le nationalisme. Que ce soit à mes enfants, à moi ou à n’importe quel membre de ma famille. Malheureusement, le destin a voulu qu’il joue pour le Qatar qui est également son pays. Je vous le redis encore une fois : Lotfi est arrivé à l’âge de 8 mois au Qatar et il a passé toute sa vie presque dans ce pays. C’est aussi normal qu’il réponde à la sélection du Qatar… Mais bien sûr que j’aurais aimé le voir jouer pour l’Algérie, sinon je n’aurais pas dit à la FAF de le convoquer avant qu’il ne soit trop tard. Et mon fils était d’accord à l’époque pour rejoindre l’équipe d’Algérie. Ce n’est pas sa faute s’il ne joue pas aujourd’hui pour les Verts. C’est une décision qui nous dépasse tous. S’il y a faute, il faudra la chercher chez ceux qui n’ont pas voulu le sélectionner. Maintenant, s’ils pensent que Lotfi n’est pas un bon joueur et qu’il n’a pas le niveau pour évoluer avec l’Algérie, on arrête là, sans faire de bruit. De notre côté, on respecte leur décision et c’est tout. Mais on ne doit pas s’attaquer à mon fils s’il a décidé de jouer pour le pays qui l’a vu grandir.»
- A.