Merzekane : «Petkovic a commis des erreurs monstres»

La sélection nationale a été décevante contre la Guinée qui l’a battue 2-1 en éliminatoires de la Coupe du monde 2026. Chaâbane Merzekane, l’ancien latéral droit international algérien, souligne les erreurs commises par Vladimir Petkovic, le nouveau sélectionneur national.

 

Qu’est-ce qui n’a pas marché contre la Guinée ?

D’abord, je souligne qu’on est tombés sur une très belle équipe guinéenne, bien organisée, qui sait jouer en déviations en mode contrôle-passe et avec d’excellents joueurs. On pensait qu’on allait la dominer en oubliant qu’avec Djamel Belmadi déjà notre équipe était en reconstruction et qu’il n’avait pas fini le travail. Après, je mets l’accent sur le fait que, dans notre groupe, toutes les équipes peuvent espérer la qualification, à l’exception de la Somalie qui n’a aucun point. Ce sera disputé jusqu’au bout. Dans ce mini-championnat, il faut faire des calculs. Quand tu ne peux pas gagner, il ne faut pas perdre pour garder le rival à distance.

 

Pour pas mal d’observateurs, Vladimir Petkovic, le sélectionneur d’Algérie, a fait de mauvais choix dans son onze de départ. Et vous ?

Il a joué sans attaquant se privant de Bounedjah et d’Amoura qui a fait sensation dans le championnat belge. Dès que j’ai vu le onze aligné d’entrée, j’ai dit qu’on risquait de le payer cher. Petkovic a le droit de choisir celui qu’il veut, mais le terrain montre après s’il a bien ou mal fait. Son équipe était mal équilibrée. Qu’on le veuille ou pas, Bounedjah et Amoura doivent être titulaires. D’ailleurs dès qu’ils sont rentrés, on a eu des occasions. Bounedjah en a eu deux, dont une a été sortie miraculeusement par un défenseur adverse.

 

L’absence de Riyad Mahrez s’est-elle fait ressentir ?

Mahrez est un cadre de l’équipe. Il fallait l’appeler et discuter avec lui. Des fois, même quand on a affaire à des réticences, on peut parvenir à convaincre les gens de venir au moins assister au match et apporter un soutien moral. Après, on a aligné Brahimi à droite, je ne l’ai jamais vu jouer à ce poste. Il a toujours été sur le flanc gauche et percer des fois au centre. Le coaching n’a pas été adéquat. Quand nous étions menés au score, il a fait monter un arrière gauche comme ailier gauche et a ajouté un autre arrière gauche. Il aurait fallu plutôt enlever un milieu défensif et intégrer un attaquant. 

 

Et que dites-vous de Bennacer qui est resté sur le banc ?

On n’a pas besoin de le présenter, il fait sensation dans le championnat d’Italie. Je le répète, l’équipe était mal équilibrée face, en plus, à une très belle équipe guinéenne.

 

Le prochain match en Ouganda, lundi. Un commentaire ?

Le match se jouera à 14h sous un climat que je vous laisse deviner. L’Algérie a besoin d’un résultat, elle doit prendre des risques offensifs. L’adversaire a autant de points que nous, il sera nécessaire de l’emporter pour ne pas se faire distancer. Quatre équipes du groupe ont six points, donc aucune ne va lâcher à ce stade de la compétition. Aussi, il faudra soigner l’aspect psychologique car il y a eu un fait qui a montré que cela n’allait pas fort dans le domaine.

 

Quoi au juste ?

Brahimi a eu un petit bobo et a quitté le groupe. Cela montre que l’atmosphère à l’intérieur n’est pas la meilleure et que Petkovic n’a pas su comment préparer son groupe psychologiquement. En somme, il a fait des erreurs monstres qu’aucun entraîneur ne pourrait commettre. Je ne suis pas contre lui, mais on n’a pas vu l’équipe d’Algérie qu’on connait qui, même quand elle ne gagne pas, sait faire circuler le ballon et se créer des occasions. Le sélectionneur national ne parle pas français, c’est un handicap. Il a changé la colonne vertébrale de l’équipe, il a mis Mandi et Tougaï pour la première fois ensemble, les automatismes n’y étaient pas et les deux buts qu’on a encaissés sont venus dans l’axe de la défense.

 

Mais vous restez optimiste pour la suite…

C’est dans les moments difficiles qu’on doit tout entreprendre pour se ressaisir. Donc, il faut y croire et motiver les joueurs pour ne rien lâcher. On ne doit plus encaisser autant de buts. Et comme on l’a fait plusieurs fois avec Vahid Halilhodzic, il serait plus opportun de jouer avec une sentinelle pour libérer les arrières latéraux. Cela dit, on a parlé du sélectionneur national, des dirigeants, des supporters, mais il ne faut pas oublier les joueurs et c’est à eux de mouiller le maillot et de cravacher pour aller jouer cette Coupe du monde. Ma génération l’a fait des fois, ceux qui sont venus après nous l’ont fait deux fois aussi, il est temps que cette génération se demande si elle a envie de jouer une Coupe du monde. Il faut se montrer solidaire, ce qu’on n’a pas toujours vu sur le terrain contre la Guinée. C’est le joueur qui jouera, pas l’entraîneur.

  1. D.

 

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