Malgré une victoire précieuse contre l'ASO Chlef lors de la 7e journée de Ligue 1 Mobilis, remportée au stade du 8-Mai-1945 à Sétif, l'atmosphère était tout sauf sereine au coup de sifflet final de l'arbitre Ghorbal.
Ce qui aurait pu être une célébration pour les supporters de l'Entente Sportive de Sétif tournée en véritable tempête. Traditionnellement, les fans saluent leurs joueurs, même après des performances en demi-teinte, comme lors du match nul contre le NCM (0-0) la semaine précédente. Mais cette fois-ci, les supporters n'ont pas retenu leur frustration. Plutôt que des acclamations, une frange de fans a exprimé son mécontentement à travers des insultes et des huées, visant particulièrement Abdelkrim Bira, le directeur sportif et porte-parole de l'ESS. Ce qui s'est passé samedi soir n'était pas qu'un simple désaccord, mais le reflet de tensions beaucoup plus profondes, qui révèlent un climat interne complexe.
Pression palpable avant l’entame du match
Avant même le début du match, la pression était palpable. Des rumeurs circulaient sur le possible renvoi de l'entraîneur Rédha Bendris en cas de contre-performance. De son côté, Abdelkrim Bira, déjà fragilisé, était sous le feu de critiques de la part de plusieurs franges du club et des supporters, qui attendaient des changements radicaux. La semaine écoulée avait été particulièrement éprouvante pour le directeur sportif, qui avait subi un incident majeur après la défaite de l'équipe lors du derby contre le CSC. À la sortie du stade des 500 Logements, où il assistait à un match des U 19, des pseudo-supporters s'en étaient pris physiquement à lui, un acte qui a secoué le club. Face à cette agression, Bira avait décidé de présenter sa démission, un acte fort que la direction de la SSPA/Black Eagles – la société en charge de la gestion du club – avait cependant refusé, le convainquant de poursuivre ses fonctions. Au-delà des agressions physiques et verbales, Bira doit faire face aux critiques internes. Certains anciens dirigeants, qui ont été écartés des affaires du club, ont saisi l'occasion pour exprimer ouvertement leur mécontentement à son égard. Ils l'accusent d'un recrutement estival inadapté, qu'ils jugent responsable des résultats en dents de scie de l'équipe, dirigée par Bendris.
Entre guerre d'intérêts et jeu de manipulations
Ces tensions ont exacerbé le mécontentement des supporters, qui n'ont pas hésité à brandir des banderoles et scander des slogans pour appeler à un changement de casquette au sein du club. Cette soirée a révélé une rupture nette entre la direction et une grande partie de ses partisans. À mesure que les critiques à l'égard de Bira s'intensifient, certains observateurs estiment que cette crise dépasse la simple gestion sportive et relève d'un affrontement d'intérêts entre les dirigeants actuels et les anciens membres du club. Pour ces derniers, la mise à l'écart du club serait difficile à digérer, et ils seraient en quête de revanche, s'attaquant à Bira, considéré comme un pilier de la nouvelle organisation. La situation semble s'apparenter à une lutte d'influence entre différents clans cherchant à reprendre le contrôle de l'ESS. Certains partisans, conscients de cette situation, se disent lassés de ces querelles internes et souhaitent plutôt une restructuration complète avec de nouvelles figures, y compris des personnes extérieures.
Anthar Yahia et Khaled Lemmouchia réclamés
Parmi les figures évoquées pour apporter un souffle nouveau, le nom d'Anthar Yahia, ancien international de l'Equipe nationale algérienne, revient souvent. Ce dernier, avec une expérience significative en gestion de club en Algérie et en France, pourrait, selon les supporters, apporter une approche moderne et professionnalisée à l'ESS. L'idée d'intégrer Khaled Lemmouchia, autre ancien joueur emblématique, est également avancée. Il pourrait prendre un rôle de premier plan en travaillant avec Abdelmoumen Djabou, actuel coordinateur de l'équipe, déjà impliqué dans la gestion quotidienne du club sous l'impulsion de Sonelgaz, propriétaire de l'ESS. Djabou, ancien joueur apprécié des fans, pourrait représenter un pont entre l'équipe et la direction
Les supporters veulent un changement urgent
Face à la crise actuelle, les partisans de l'ESS semblent plus que jamais déterminés. Ils estiment que le club, l'un des plus titrés du pays, ne peut plus se contenter de demi-mesures. Nombreux sont ceux qui appellent à des réformes immédiates, exigeant que les postes clés du club soient occupés par des profils compétents et visionnaires, capables de ramener le club à son niveau de performance passé. Ils réclament une réorganisation complète de la structure, afin de recréer une dynamique positive et d'éviter la stagnation, voire la régression du club, dans un championnat de plus en plus compétitif. Le message des fans est sans équivoque : ils en ont assez des promesses vides et des discours de circonstance. Ils souhaitent voir des résultats concrets et estiment que cela passe par une transformation en profondeur de l'équipe dirigée.
L'Entente à la croisée des chemins
La soirée au stade du 8-Mai-1945 a mis en lumière les divisions profondes qui rongent l'ESS. Les supporters sont conscients que les défis qui attendent le club dépassent désormais largement les performances sur le terrain. Les tensions internes et les querelles de pouvoir ont transformé l'ESS en un champ de bataille où chacun cherche à tirer avantage de la situation. Entre intérêts personnels, rivalités anciennes et aspirations au changement, le club se retrouve à une critique tournante de
À mesure que le championnat avance, l'Entente de Sétif semble confrontée à une question fondamentale : persister dans la crise actuelle ou bien prendre les décisions nécessaires pour retrouver stabilité et succès.
Des choix de gouvernance
Tandis que les dirigeants en place tentent de préserver leurs positions, la pression des supporters et l'influence croissante de figures potentielles de renouveau comme Antar Yahia et Khaled Lemmouchia pourraient provoquer des transformations profondes au sein de l'organigramme du club. Ces décisions à venir ne seront pas seulement des choix sportifs, mais des choix de gouvernance, pouvant définir le destin de l'ESS pour les années à venir.
Les prochains jours seront déterminants pour l'avenir de l'ESS, un club qui a jadis régné sur le football algérien. Les supporters, passionnés et intransigeants, espèrent que cette crise débouchera sur une restructuration solide, menée par des personnalités capables de redonner au club son prestige et sa sérénité. Seule une vision claire, soutenue par des décisions courageuses, pourrait remettre l'ESS sur les rails et redonner de l'espoir à toute une ville qui rêve de revoir son équipe briller parmi l’élite.
- R.